3 raisons de voir Retour chez ma mère au cinéma

Publié le 1 juin 2016 à 08:00 Mis à jour le 1 juin 2016 à 08:00
Mère et fille à l'écran, Josiane Balasko et Alexandra Lamy cohabitent pour de rire dans cette intelligente comédie sociale d'Eric Lavaine.

Le pitch

Après avoir dû fermer son cabinet d’architecte-urbaniste, Stéphanie (Alexandra Lamy) est contrainte, à 40 ans, de retourner vivre chez sa mère. Même si Jacqueline est une maman aimante qui l’accueille à bras ouverts, la cohabitation ne s’annonce pas simple pour autant…

1 / Le film nous ouvre les yeux sur les galères de la génération « boomerang »

Etienne Chatiliez avait fait son miel des Tanguy, ces enfants qui trainent la patte pour quitter le nid familial et restent tranquillement vivre chez Papa-Maman bien au delà d’un âge raisonnable. Eric Lavaine, lui, braque sa caméra sur un autre phénomène de société qui toucherait 410 000 adultes en France :  cette génération « boomerang » que des problèmes économiques ou une rupture sentimentale contraignent à demander asile à ses parents. 

Pas facile de se tartiner au réveil – même si on l’adore ! – une Maman qui commente votre façon de beurrer vos biscottes, met le chauffage à fond et Cabrel en boucle… La cohabitation entre Jacqueline et Stéphanie est l’un des ressorts de Retour chez ma mère, mais si cette comédie dépasse la simple farce, c’est parce qu’elle a l’intelligence de creuser plus profond. Lavaine retranscrit  la douleur de se sentir affaibli par la perte de son emploi, ce sentiment d’échec et de culpabilité que renforcent les  jugements désobligeants au sein même de la cellule familiale. Chômeur, parce fainéant ou trop « gourmand »…  Comment pouvez-vous refuser ce poste de « marketing relationnel » qui consiste à employer vos dix ans d’études… à distribuer des prospectus en rollers ? 

2 / Il met en scène, sans tabou, la sexualité des seniors  

Si la cohabitation est compliquée pour Stéphanie, elle l’est aussi pour Jacqueline qui n’a jamais avoué à ses enfants qu’elle en pinçait sérieusement pour le voisin du 4ème, dont elle partage le lit avec un bel entrain. Il est ici beaucoup question d’infantilisation et pas seulement pour évoquer ce sentiment de régression que peut éprouver un quadra acculé à dormir dans sa chambre d’ado. Ne sommes-nous pas tous restés des enfants, quand il s’agit d’envisager la sexualité de nos parents ? Le réalisateur d’Incognito filme, sans tabou, la sexualité des seniors et Jacqueline est, de loin, la plus épanouie en amour. Très drôle, cette scène où elle roule une pelle appuyée à son joli coeur devant ses trois gamins aussi gênés que médusés !

3 / Ses comédiens, Balasko en tête, sont tous épatants

De Josiane Balasko à Mathilde Seigner, le casting relève du sans-faute. Mais, si les acteurs donnent le meilleur d’eux-mêmes, c’est sans doute grâce à un scénario qui ne verse (presque) jamais dans la caricature. Il évite l’écueil de la mère pot de colle et de la fille hystérique, dépasse le simple enchaînement de vannes, mais offre à ses acteurs matière à quiproquos. Il leur sert, sur un plateau, une mémorable scène de repas où vous apprendrez, entre deux tensions familiales, qu’un plat picard n’est pas nécessairement… surgelé ! Recréation inventive et jamais réchauffée.  

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