Adieu Prince

Publié le 22 avril 2016 à 11:28 Mis à jour le 22 avril 2016 à 11:28
Prince
Prince, le roi de la Pop, est mort à l'âge de 57 ans. Multi-instrumentiste, il aura dominé les années 80 avec des tubes interplanétaires, des spectacles sulfureux et une discographie monumentale. Les fans pleurent des larmes violettes.  

Et de deux. Après la mort de David Bowie, Cassandre par voix radiophonique vient d’annoncer aux fans de Pop le décès du Kid de Minneapolis. Kid, oui, car à bien y regarder, l’elfe d’1m58, superbement proportionné, a un petit quelque chose de Charlot dans le regard. Minneapolis, bien sûr, car il est resté  fidèle à sa ville de coeur dans l’état du Minnesota où il est né le 7 juin 1958,  où il est mort ce 21 avril 2016. Son corps a été découvert inanimé dans sa propriété de Paisley Park, un mini royaume constitué de 3 studios, d’une salle de concert, d’une résidence et d’une immense cave coffre-fort dans laquelle il entreposait ses inédits. Il s’était offert ce bijou avec les millions de dollars rapportés dans les années 80 par son tube Purple Rain

Sa mort reste un mystère

Les causes de sa mort restent inexpliquées. On parle d’une grippe, on murmure autre chose. On sait que le chanteur aurait été traité à l’hôpital pour une overdose six jours auparavant, à la suite d’un concert. Il serait rentré chez lui, contre l’avis des médecins. La suite sera connue, ou pas. Le chanteur accordait une importance capitale à son image, chassait ses tubes de la toile, menaçait de procès les fans qui diffusaient sur leur Facebook des extraits de ses concerts… Il était comme çà, Prince, il adorait l’innovation mais restait très à cheval sur ses droits d’auteur, ses droits d’exister. C’est sans doute sa soeur, Tyka, de deux ans sa benjamine, qui aura la responsabilité de gérer la suite et au passage, sa fortune. Car les affaires ne sont pas closes : il travaillait avant de mourir à une biographie. Nul doute qu’elle sortira un jour pour éclairer des pans d’ombre : son enfance chaotique, sa vie privée de séducteur, son obsession pour le sexe, son engagement religieux, ses contradictions, sa chute… Bowie, Jackson, Prince, même combat. Il est bouleversant de constater comme ces trois rois célestes de la Pop se sont enfermés, au fil de leurs succès, dans la posture de Janus. Une protection indispensable à l’excès de lumière, sans doute. 

Deux ou trois choses que l’on sait de lui

Prince Rogers Nelson est né en 1958 à Minneapolis. Son père John L. Nelson était plâtrier le jour, chanteur, pianiste et leader d’un groupe de jazz la nuit. Sa mère, Mattie Shaw, était également chanteuse de jazz. Le couple éclate alors qu’il est à peine âgé de huit ans. Il souffre à l’époque de crises d’épilepsie et se plaint d’être chahuté par ses camarades de classe. Deux souffrances qui expliquent, selon lui, sa propension à s’affirmer dans des provocations ultimes et des tenues improbables, façon slip moulant et bas résilles. Balloté de droite et de gauche (on recense une trentaine de déménagements durant son enfance), renvoyé par son beau-père, abandonné (croit-il) par sa mère, adopté par une autre famille, il a heureusement d’autres cordes à son arc : la musique. A sept ans, il apprend à jouer du piano, à neuf, de la guitare, à quatorze des percussions… en tout, il maitrise 27 instruments. Trois musiques l’obsèdent : celle de Jimi Hendrix, des Beatles et de James Brown. Mélangez le tout dans un checker, laissez reposer et attendez 1978, la véritable naissance du Prince de la Pop.  

« Suis-je noir ou blanc, hétéro ou gay ? »

A 18 ans, Prince signe son premier contrat avec la Warner Brother Records, devenant ainsi le plus jeune producteur associé du label. Son style musical est né : rock + pop + funk, en toute simplicité ! Fait exceptionnel : il produit, compose, interprète sa propre musique, écrit ses textes et s’affiche comme un showman d’exception. Mégalo, extravagant, il joue de son ambiguïté androgyne, un des thèmes chers à sa génération chantant dans l’album Controversy « Suis-je noir ou blanc, hétéro ou gay ? ». Bonne question qui l’inscrit aux côtés de Michael Jackson, qu’il haïra toute sa vie (et Bambi le lui rendra bien…), comme une figure incontournable de la décennie. A ceci près : ses textes à lui sont sulfureux. Il y est question d’inceste (Dirty Mind), de dépucelage sur la banquette arrière (Little red corvette), de masturbation mais aussi de bisexualité. Sa carrière décolle avec l’album « 1999 » et son succès devient interplanétaire avec la bande son originale du film « Purple Rain » (1984) interprété avec le groupe The Revolution qui rapporte 70 millions de dollars au box office. 

2000, la (re)naissance 

Il traverse les années 90 dans un tunnel. Son changement de nom en Love Symbol, ne lui apporte pas le succès espéré. L’occasion peut-être de créer pour les autres, Sinead O’ Connor, par exemple avec son tube Nothing compares U 2,Tom Jones, Madonna, Kate Bush ou la bande son du Batman de Tim Burton. Il se marie avec la danseuse et chanteuse Mayte Garcia dont il a un fils qui décède une semaine après sa naissance, victime d’une maladie génétique rare. Il annule son mariage quelques temps plus tard, se remarie un temps et se plonge dans l’aventure spirituelle des témoins de Jéhovah en devenant végétarien. Le style change : jazz+funk+gospel. Normal, on vieillit et Prince ne fait pas exception. Il endosse l’uniforme du crooner mais du crooner qui déchire sur scène même si on le surprend à corriger les textes de ses chanson plus trop « en phase ». Dans cette nouvelle voie, la star renait. Prince est idolâtré dans des After Shows mémorables, des festivals de jazz réputés où il  joue des heures durant.. Il se murmure alors que l’homme dévoré par son art ne dort jamais. A quel prix ? 

Chrono Disco

1978 : For you, premier album

1982 : Little Red Corvette

1984 : Purple Rain

1987 : Sign O’ the Times

2000 : Prince commercialise ses titres sur Internet

2010 : Sortie de 20T, uniquement diffusé en kiosque

2015 : HitnRun sur la plateforme de streaming Tidal

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