Line Renaud

Publié le 11 mars 2008 à 23:00 Mis à jour le 11 mars 2008 à 23:00
Line Renaud
On a tous en tête son sourire et sa voix rauque. Portrait d’une star qui n’en finit pas de nous étonner. Jean-Claude Narcy recueille les confidences de celle qui, à 79 ans, montre toujours un plaisir de vivre contagieux. On l’a vue au théâtre jusqu’en janvier dernier, dans Fugueuses. Et ce fut un succès. On la découvre depuis peu dans le film de Dany Boon, Bienvenue chez les Ch’tis. Qui dit mieux ?

Elle a débuté à 17 ans à Paris, débarquée de son Nord natal qu’elle n’a jamais renié. Ce sera sa rencontre avec son mentor Loulou Gasté qui la mettra sur orbite. Elle enchaînera les 33 et 45 tours, qui seront autant de succès. Puis ce sera le Casino de Paris, Las Vegas, le cinéma, la télévision et le théâtre. Depuis soixante ans, elle ne cesse de se remettre en question, en danger.

J.-C. Narcy. Où puisez-vous cette énergie incroyable ?
Line Renaud. Dans mes gènes et du côté de ma mère. J’ai vécu mon enfance entourée de mon arrière-grand-mère, qui m’a vraiment élevée, ma grand-mère et ma maman – des femmes inépuisables d’énergie. Il faut dire que c’était une question de vie ou de mort. Il n’y avait pas d’hommes à la maison : mon arrière-grand-père n’existait pas, mon grand-père avait été tué en 14-18, et mon père était prisonnier des Allemands. Dès mon enfance, j’ai vu des femmes qui devaient se battre. J’ai réalisé que l’énergie et la passion permettent de survivre.
J.-C. N. Et ce sourire, à la scène comme à la ville, l’expliquez-
vous aussi par vos origines ?
L. R. Comme les Belges, les gens du Nord aiment rire. Aujourd’hui encore, j’adore raconter des blagues. Et puis, la vie est un tel cadeau malgré les problèmes, malgré les chagrins…
J.-C. N. Chanteuse, danseuse, meneuse de revue, comédienne, actrice de cinéma, et aujourd’hui star du petit écran… Qu’est-ce qui vous motive ?
L. R. Cela peut ressembler à de la boulimie, mais je ne peux pas rester inactive. J’ai la bougeotte et j’ai la passion de la scène. Loulou pensait que j’aurais dû rester chanteuse. Moi, j’ai toujours su que je devais me diversifier si je voulais durer. En faisant une seule chose à la fois, mais bien. Loulou a certes été mon Pygmalion, mais c’est moi qui ai imposé le rythme des virages de ma carrière.
J.-C. N. Vous vous êtes engagée dans la lutte contre le sida…
L. R. J’ai fait de l’humanitaire bien avant. J’ai chanté dans les sanatoriums Ma petite folie, Ma cabane au Canada, mais aussi pour les mineurs, les soldats de retour de la guerre d’Algérie. Et puis, j’ai participé aux États-Unis au premier gala contre le sida, organisé par Elizabeth Taylor en 1984, avec tous les grands artistes américains. J’ai compris alors que cette maladie allait arriver en France et qu’il fallait la médiatiser au plus vite.
J.-C. N. Certains en souriront, mais je sais qu’au-delà de la mort, vous entretenez des rapports avec ceux que vous avez aimés…
L. R. C’est vrai, Loulou et maman me font des signes. Ils veillent sur moi en permanence. Les événements ne sont pas un pur hasard. Je le sais par les connivences que nous avions de leur vivant, et j’en ai encore la preuve aujourd’hui. Prenez les chiffres par exemple. Le 2, c’est celui de ma mère ; le 8, celui de Loulou. En général, je ne regarde pas les plaques minéralogiques des autos que je double. Mais quand j’en aperçois une, c’est toujours 2 2 8 , ou 8 8 8, et c’est comme un bonjour de mes grands absents.
Jean-Claude Narcy
Article publié dans Pleine Vie en avril 2008

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