Tina Kieffer fête les dix ans de l’association Toutes à l’école

Publié le 17 novembre 2016 à 15:00 Mis à jour le 17 novembre 2016 à 15:00
La journaliste Tina Kieffer consacre désormais tout son temps à l'association Toutes à l'école et à travers elle, à la scolarisation des petites Cambodgiennes.

C’est le 7 novembre que Toutes à l’école a soufflé ses dix bougies, le jour même de l’anniversaire de son instigatrice. Leur action s’est matérialisée, dès 2006, par la création d’une école primaire à 12 km de Phnom Penh, la capitale du Cambodge. Depuis, Happy Chandara est entrée dans la cour des grands, en s’étoffant d’un collège, d’un lycée, d’un centre de formation professionnelle. Elle accueille plus de 1000 élèves choisies parmi plus défavorisées d’un pays tyrannisé de 1975 à 1979 par le régime Khmer rouge. Journaliste chez Cosmopolitan, « Frou-frouteuse » pour Christine Bravo, Tina Kieffer qui a lancé DS Magazine puis dirigé Marie-Claire, a tourné la page de la presse féminine. Mais la protection des enfants et la défense des femmes demeurent en Une de ses préoccupations.

– Pourquoi les petites Cambodgiennes sont-elles si peu scolarisées ?

Entre un garçon et une fille, une famille choisira d’envoyer le premier à l’école et gardera la seconde pour travailler dans les champs ou à la maison. Des raisons purement économiques les guident : la fille est plus rentable, même dans la prostitution. Leurs familles sont dans la survie ; certaines ne gagnent que 50 dollars par mois. En tout cas, la situation ne relève pas d’un problème religieux. Car, quoi qu’en dise la bien-pensance, il y a des religions où la condition de la femme est assez difficile.

– Dans le débat qui a précédé la loi de 2004 interdisant le voile à l’école, étiez-vous de celles pour qui la priorité était de scolariser les élèves ?

En France, on défendait la laïcité et on pensait qu’il ne fallait pas céder sur ce terrain. Il n’y a jamais eu de débat chez Marie-Claire. On ne voulait pas entrer dans ce jeu-là, porte ouverte à d’autres concessions. Ce qui est intéressant, c’est qu’il y a dix ans, je devais toujours expliquer pourquoi je m’attachais aux seules petites filles. Des chefs d’entreprise me demandaient : « mais, vous êtes une féministe ? » Maintenant, tout le monde sait qu’il y a un vrai problème avec leur éducation dans le monde. Or, elles représentent un levier formidable pour faire avancer les pays. Elles seront des mères et, si elles sont instruites, elles sauveront la génération suivante.

– Les parents de vos protégées sont-ils aussi motivés ?

Très. Ils y voient un espoir pour elles et ils nous disent aussi qu’au moins, ils ne mourront pas dans la rue. Pour pallier leur manque à gagner, nous compensons par des paniers alimentaires, d’hygiène. En contrepartie, les petites doivent être là tous les jours. Et elles nous surprennent par leur faim d’apprendre par rapport à nos enfants : elles savent d’où elles viennent et où elles veulent aller.

– Que représentait l’école pour l’enfant que vous étiez ?

Je n’aimais pas son « moule », je faisais le minimum pour passer en classe supérieure. En même temps, c’est le meilleur moyen de protéger un enfant et j’ai toujours été viscéralement pour l’égalité homme-femme. Après le Bac et un an de Fac, je suis rentrée comme stagiaire chez Cosmopolitan. La fait de n’avoir pas suivi d’études et d’avoir du tout apprendre sur le tas pour me rattraper m’a valu un manque de confiance. Mon frère aîné a suivi l’EDHEC ; ma sœur le CELSA, elle ne s’est pas barrée de chez ses parents à 17 ans et demi avec le Bac en poche. Moi, j’avais un caractère à vouloir être libre ; je dis toujours « demain, soyons libres et instruites ». J’ai beaucoup de mal avec l’idée que certaines soient obligées de supporter un mari parce qu’elles n’ont pas été à l’école et sont sans boulot.

– Vous passiez pour très dure dans la presse. L’humanitaire vous permet-il de vous refaire une image ?

L’image, c’est une chose que je fuis, c’est se chercher dans le regard des autres je ne trouve pas ça très sain. Cette réputation est venue de l’époque où j’animais des débats à la télé, notamment sur TF1 et tenais les plateaux de façon très énergique. Comportement accepté de la part d’un homme, mais une femme qui tient ses troupes passe pour pas commode. Après, à Marie-Claire, on m’a demandé d’imaginer une nouvelle formule. Quand vous changez un journal, il y a toujours des gens qui s’y opposent et les journalistes sont très incisifs quand ils veulent défendre leur droit. En tout cas, croyez-moi, on ne va pas adopter un enfant au Cambodge comme je l’ai fait avec ma fille Chandara en 2006 et créer une école pour avoir une bonne image.

– Vous aviez déjà quatre enfants. Est-on maman adoptive comme on est maman biologique ?

Dans mon cas, ça a été instantané, je parle d’une déflagration d’amour. Je devais avoir une grande faille en moi qui s’est ouverte de façon béante quand je suis tombée sur cette petite fille exprimant beaucoup de détresse. Bien qu’extrêmement rationnelle, je me suis demandé s’il n’y avait pas quelque chose qui me « poussait » vers cette histoire d’école.

3 moyens de soutenir Toutes à l’école

Le parrainage

50 % des ressources de l’association proviennent des parrainages de classe par les entreprises ou d’élèves par les particuliers. Pour 30 € par mois*, vous pouvez soutenir une fillette.

Le don**

Par chèque à l’attention de : Toutes à l’école, 19 rue du Calvaire 92 210 Saint-Cloud ou en ligne sur le site www.toutes-a-l-ecole.org

L’achat de produits-partage

Mettez dans votre panier la boîte de gâteaux Delacre habillée, cette année, par Serge Bensimon ou la flamme Marie-Claire, bougie parfumée vendue chez l’Occitane. Autre piste : accepter l’arrondi-solidaire chez Sephora.

*et **(Les sommes sont à 66 % déductibles des impôts, dans la limite de 20 % du revenu imposable).

Commentaires

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Pleine vie