Enrico Macias raconte L’envers du ciel bleu
On entend déjà rigoler ceux qui ne goûtent pas vraiment les « laï-laï » d’Enrico. Confessons-le, le répertoire de cet oriental sentimental n’était pas notre tasse de thé, fut-il à la menthe. Mais il y avait ce titre mélancolique pour nous aiguiller vers une autobiographie qui illustre les enjeux complexes d’une identité composite. A 23 ans, en 1961, l’enfant de Constantine quittait son Algérie natale. Un mois à peine après l’assassinat de Cheikh Raymond, maître de la musique arabo-adalouse et symbole de fraternité respecté de toutes les communautés. Plutôt la valise que le cercueil, donc, mais avec quel bagage ? Comment se situer quand on est un Juif d’origine berbère, dont les grands-parents avaient l’Arabe pour langue maternelle ? Gaston Ghrenassia fut toujours « trop ceci » ou « pas assez cela », dans une confusion née de l’ignorance. Traité de « sale bougnoule » avant la célébrité ; érigé, une fois connu, en emblème du drame pied-noir et perpétuellement tiraillé entre la recherche d’une « normalité française » et le sentiment de n’être jamais « un Français comme les autres« . Jusque dans ce dernier chapitre où il explique pourquoi il fera son Alyah, un seul accent prononcé : celui de la sincérité.
L’envers du ciel bleu. Enrico Macias. Le Cherche-Midi. En librairies
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