Le Goncourt des Lycéens 2016 attribué à Petit Pays de Gaël Faye

Publié le 17 novembre 2016 à 14:30 Mis à jour le 20 janvier 2017 à 16:47
Faye
Gaël Faye, 34 ans, raconte dans Petit Pays et sous couvert de fiction,comment la violence effroyable du génocide rwandais a endeuillé son enfance.

Petit Pays figurait sur la short-list du Goncourt. Si les jurés lui ont préféré la Chanson Douce de Leïla Slimani, il empoche avec le Goncourt des Lycéens, une très légitime récompense en laquelle nous voyons bien plus qu’un prix de consolation. L’expression serait, d’ailleurs, totalement incongrue pour un roman aussi chargé de larmes… Voici 3 raisons pour lesquelles il nous a convaincus.   

1 – Petit Pays est le faire-part de (re)naissance d’un écrivain

Gabriel, le narrateur, a vu le jour au Burundi, d’un père français et d’une mère rwandaise. A dix ans, son enfance paisible s’écoule dans un confortable quartier d’expatriés, nourrie de mangues chapardées et de 400 coups entre copains. Tout ce monde vit dans une impasse, comme la métaphore du destin d’un pays bientôt empoisonné par la guerre civile, puis contaminé par le génocide des Tutsis au Rwanda. On devinera aisément que ce gamin dont l’identité « pèse un poids de cadavres » est le « double » de Gaël Faye. Jusqu’ici connu comme musicien, celui-ci orchestre sa très prometteuse entrée en littérature avec un roman-requiem chahuté de sanglots convulsifs.

2 – Il nous oblige à regarder la tragédie rwandaise dans les yeux

Faye ne s’attache pas seulement à faire revivre le monde à jamais perdu de son innocence ; il dénonce les complicités passives et l’inertie des Nations Unies pourtant assez informées pour anticiper l’ampleur du massacre.

3 – Il nous martèle combien la paix est fragile

En s’attachant à relater « le début de la fin du bonheur », puis ces jours où il fallut apprivoiser l’idée de mourir à chaque instant, l’auteur nous rappelle que « la paix n’est qu’un court intervalle entre deux guerres. » Une mise en garde à lire et à relire, pour apprendre à traquer, entre les lignes ou les nuages d’un ciel qui s’assombrit, les signes avant-coureurs d’un désastre annoncé.

Petit Pays. Gaël Faye. Grasset. 215 p, 18 €

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