LE LIVRE DU WEEK-END : « La jeunesse est un pays étranger », mille riens et le plein de poésie
« Ceci n’est ni un roman ni une autobiographie. Le livre n’a ni début ni fin, car je ne me souviens pas du début et la fin m’est inconnue. », nous avertit l’auteur dans le dernier chapitre.
Demi-étranger dans son pays donc et étranger à lui-même, Alain Claude Sulzer nous propose dans cet ouvrage une mosaïque biographique de quelqu’un qui, sans doute ou peut être, fut lui. Sans doute y réunit-il de partie disjointe de sa vie. Si lui-même est de culture romande et alémanique, sa mère ne maîtrisa jamais correctement l’allemand, et quant à son père « le français s’accordait en quelque sorte avec ses ambitions artistiques que ses parents n’avaient pas prises au sérieux ». deux pièces de son puzzle, comme il l’a rappelé lui-même.
Cet ouvrage est un assemblage de courts chapitres aux noms poétiques (Des manières de flotter en l’air, La montre factice, L’enfant minuscule…). On s’y promène tour à tour amusés et émus.
Un livre fin et précis comme une porcelaine, un assemblage assez lâche, une construction vaguement chronologique.
De mille riens, Alain Claude Sulzer fait quelque chose qui vaut très sûrement qu’on s’y laisse prendre.
On y devine des lacunes, on y entend des silences. Est-ce parce qu’il a été écrit pour une mère aveugle et un frère mort qu’on s’en émeut tant?
Alain Claude Sulzer
Jacqueline Chambon /Actes Sud
240 p 21,80€ (15,99€ en version numérique)