Le livre du week-end : « Un océan, deux mers, trois continents », de Wilfried N’SONDÉ, l’esclavage au XVIIe siècle

Publié le 3 mars 2018 à 10:00 Mis à jour le 30 décembre 2022 à 10:29
HOME.jpg
Ce pourrait être un conte philosophique voltairien mais non, un roman historique, alors ? Comme ceux de Alejo Carpentier ? Oui, mais plus près de l'Histoire ! "Un océan, deux mers, trois continents", le nouveau roman de Wilfried N'SONDÉ est une ode à la tolérance.

Fin 1604, Nsaku Ne Vunda, congolais ordonné prêtre sous le nom de Dom Antonio Manuel part pour Rome en ambassade auprès du pape. Il embarque sur un vaisseau français : Le Vent Paraclet. Mauvaise surprise, le vaisseau quitte le royaume du Kongo pour le Brésil pas pour l’Europe.

Voyage dans la souffrance de l’esclavage

Dans ses cales sont entassés des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants achetés au Roi ÀlvaroII ou à ses nobles. De l’Amérique, il rejoindra le Portugal et finalement l’Italie. Le voyage va durer trois ans, à naviguer à travers la misère et la souffrance de ce dix-septième siècle où la colonisation change de nature. Au pillage de l’or des Amériques s’ajoute l’exploitation des terres, le servage en Europe et l’esclavage en Afrique sont là pour fournir la main-d’œuvre. La misère est effroyable, la violence des mœurs inimaginable.

Le combat d’un jeune prêtre

Dom Antonio Manuel part à Rome sûr d’obtenir du pape la condamnation de l’esclavage, cette abomination, qui mine et corrompt le Royaume du Kongo, autant qu’il attaque le fondement moral de la très chrétienne Europe. Il viendra mourir au pied du pape qui, impressionné par la fermeté de sa foi autant que par les horribles péripéties de son voyage, fit sculpter à sa mémoire un buste de marbre noir comme la peau de cet ambassadeur africain, buste qui est encore dans la basilique Sainte-Marie Majeure de Rome. C’est à cette sculpture que Wilfried N’Sondé redonne vie. Le sujet fascine et le livre passionne.

Le récit de ce voyage aux enfers nous émeut autant qu’il nous raffermit dans notre conviction : Les hommes sont libres et égaux.

Un écrivain majeur

Qu’il parle de notre époque comme dans « Berlinoise » (Actes Sud ) ou du XVII e siècle, comme dans « Un Océan, deux mers, trois continents », l’écriture limpide de Wilfried N’Sondé, son lyrisme, son humanisme en font un écrivain contemporain majeur.

Wilfried N’sondé, Actes Sud, 272p., 20€

Le livre du week-end

ROMAN : « Ceux d’ici » de Jonathan Dee, une immersion dans l’Amérique de Trump

Commentaires

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Pleine vie