Amanda Lear : une rockeuse contrariée

Publié le 18 février 2016 à 10:00 Mis à jour le 30 décembre 2022 à 10:32
Avant de se rêver rockstar, elle commence par faire tourner la tête de trois d'entre eux. Mais c'est pourtant le disco qui permet à Amanda Lear de devenir une star mondiale.

Tout commence en 1967 : Amanda vit alors une idylle avec Brian Jones, leader historique des Rolling Stones. Sur l’album Between the Buttons, Jones écrit Miss Amanda Jones, chanson largement inspirée par sa compagne. Il s’y moque gentiment de « son grand nez qui pointe vers le sol » ou encore de « ses jarretelles qui dépassent ». 6 ans plus tard, c’est avec un autre Brian qu’on la retrouve : Bryan Ferry, tout jeune meneur du groupe de glam rock Roxy Music. Amanda pose pour la pochette du second album du groupe, For your pleasure. Ferry flaire le potentiel de sa compagne et l’imagine femme fatale et vénéneuse : escarpins noirs à hauts talons, jupe et bustier en cuir noir, chapeau à voilette et panthère noire tenue en laisse.

Poussée par Bowie

Avec l’avènement d’un tel personnage, Amanda se fait vite remarquer, en particulier par un certain David Bowie. Fasciné, il l’invite à dîner au beau milieu de la nuit. Pendant près d’une année, ils ne se quittent plus. Elle est érudite, lui a soif de tout connaître. C’est tout naturellement vers elle qu’il se tourne pour illustrer visuellement Sorrow, le titre-phare de son nouvel album Pin-ups. La vidéo est tournée dans un décor de cirque : Amanda, crinière blonde interminable et robe de cuir noire, ensorcelle Bowie tout de blanc vêtu. Leur complicité crève l’écran. C’est lui qui le premier la pousse à chanter, et lui paie ses cours de chant et de danse.

Les premiers succès

Amanda débute sa carrière de chanteuse deux ans plus tard, en 1975. Elle s’essaie d’abord au rock, genre qu’elle affectionne, en reprenant Trouble d’Elvis Presley (la Bagarre en français). Le titre, aux arrangements déjà dansants, fonctionne bien en discothèque. C’est la même année qu’Amanda obtient son premier tube, Blood and honey. En 1977, son premier album I am a photograph (référence à sa carrière de mannequin) cartonne en Europe et deux gros tubes en sont extraits : Tomorrow et Queen of Chinatown. Ce dernier sera même disque d’or au Japon.

Trop de disco ?

En 1978, le single Follow me devient un tube planétaire et son deuxième album, Sweet revenge, se vend à deux millions d’exemplaires et se classe dans 41 pays. La même année, elle donne un concert exceptionnel au Palace à Paris devant 3000 personnes. Amanda Lear sort un troisième album, Never trust a pretty face, en 1979, porté par le titre Fashion pack et considéré par ses fans comme le meilleur. Deux derniers albums disco verront le jour au début des années 80, mais le genre s’est essoufflé. Les deux décennies qui suivent ne sont pas mémorables musicalement : accaparée par son rôle de présentatrice, Amanda signe des albums eurodance plutôt fades et formatés, ainsi que des reprises de standards disco.

Vers le renouveau

Il est amusant de constater un regain de créativité musicale à partir de 2009, au moment même où Amanda se met à brûler les planches : 5 albums sortent en 4 ans. Elle devient une star du boulevard, et met la même énergique autodérision à se réinventer diva des dancefloors , n’hésitant pas à proclamer I don’t like disco en 2012, faisant un ultime pied de nez au genre musical qui l’a fait naître. En 2014, Amanda est de retour avec Happiness, un album – hommage à Elvis Presley, son chanteur favori. La boucle est bouclée : après 40 ans de carrière, la rockeuse peut enfin éclore.

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