Daech, la prison à ciel ouvert pour les femmes

Publié le 14 janvier 2016 à 12:00 Mis à jour le 30 décembre 2022 à 10:32
Livre Sophie Kasiki
Sophie Kasiki, 33 ans partie avec son fils Hugo âgé de 4 ans pour la Syrie, a pu s'échapper de l'enfer de Daech et témoigne Dans la nuit de Daech aux éditions Robert Laffont, un livre choc.

Une conversion à l’islam à l’insu de ses proches

Éducatrice dans la banlieue ouest de Paris, mariée et maman, Sophie (prénom et nom sont des pseudos) semblait mener une vie heureuse et normale mais une blessure d’enfant jamais refermée (sa mère décède lorsqu’elle a 9 ans), une insatisfaction profonde face à la vie qu’elle mène, en précipitent le cours. À l’insu de son mari et de sa famille chrétienne très pratiquante, Sophie se convertit à l’islam, puis se détache de son foyer, de ses amis, de son travail. Un soir une nouvelle plonge les familles du quartier dans l’angoisse : trois jeunes garçons que Sophie côtoyait tous les jours, sont partis pour la Syrie. La suite ressemble à un film en accéléré : secrètement en contact quasi quotidien avec les garçons fuyards, la jeune fille se voit vanter la vie merveilleuse que l’on mène là-bas, l’utilité des femmes étrangères dans les hôpitaux auprès du peuple syrien… La décision est prise:   la jeune femme et son fils Hugo âgé de 4 ans sous le bras, rejoint via la Turquie, Raqqah en Syrie, les trois jeunes Français, devenus fervents soldats de Daech. L’embrigadement a porté ses fruits.

Deux mois de prison à Versailles

Pour la mère et l’enfant séquestrés en Syrie, l’enfer va durer trois mois. Sans le courage et la détermination exemplaire de Julien, le mari qui organisera leur fuite, ils ne seraient probablement jamais revenus vivants. Leur salut, ils le doivent aussi aux quelques anonymes syriens qui au péril de leur vie les ont cachés dans les derniers jours. Trois jours d’interrogatoires par la DGSI, deux mois de prison à la maison d’arrêt de Versailles pour soustraction d’enfant par ascendant seront le sas par lequel Sophie devra passer avant de retrouver sa famille.

Des fermes à bébé aux madrafas

Le livre témoigne – et ce n’est pas si fréquent, de la vie sous l’occupation de Daech, de l’arrogance des soldats — pour la plupart des étrangers venus des quatre coins du monde — envers le peuple syrien, de l’absence totale de liberté, des fermes à bébé où les femmes accouchent toutes sous césarienne dans un hopital-usine, des madrafas, ces garderies pour femmes où « sont cloîtrées les récalcitrantes ou celles en attente d’un mari soldat« , et où des films de propagande sont passés en boucle aux enfants avec décapitations et tortures etc.

Un témoignage rare

Il n’est pas si fréquent de pouvoir lire un tel témoignage.  Parmi les très jeunes Français partis rejoindre Daech, beaucoup sont sont morts ou ont rompu avec leur famille. Parmi ceux revenus en France, peu ont su ou voulu témoigner. Au fil des pages, les questions fusent : Pourquoi la famille n’a-t-elle rien vu de la conversion de la jeune femme ? Comment un tel dédoublement de la personnalité est-il possible ? Pourquoi es- il si facile encore aujourd’hui de se rendre en Syrie ? L’auteur tente aujourd’hui de se reconstruire auprès de son mari avec leur fils Hugo. Mais menacée depuis la parution du livre, elle n’en dira pas davantage.

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