Electre/ Oreste : Le cercle des vengeances primordiales à la Comédie française

Publié le 16 mai 2019 à 10:00 Mis à jour le 16 mai 2019 à 13:21
Electre et oreste
L'histoire des Atrides, œuvre chantée par Homère dans l'Iliade, aura fait couler beaucoup d'encre de mythographes de l'antiquité et aujourd'hui polarise l'attention passionnée de nombre de metteurs en scène. Cette fois, c'est la version d'Euripide que choisit Ivo Van Hove, servie par la troupe du Français. Saisissant et hypnotique !

Electre et Oreste sont les enfants d’Agamemnon, lui-même trucidé par Clytemnestre, sa femme et leur mère, après qu’il a sacrifié leur fille et sœur Iphigénie et tous soumis à la malédiction des Atrides. Le frère et la sœur bannis d’Athènes vont commettre le plus gros délit, la plus grande transgression aux yeux des dieux et des hommes : le matricide, en éliminant leur mère.

De violence et de boue

Une histoire de vengeance ultra-violente qui aura fait couler beaucoup d’encre au Ve siècle avant JC. Peut-on tuer sa mère pour venger son père ? Sophocle, Eschyle s’y sont attelés mais les deux pièces d’Euripide ont eu la préférence du metteur en scène, « moliérisé » pour les « Damnés » l’an dernier, Ivo Van Hove. Infanticide, matricide, alliance fraternelle dans de funestes projets… où quand la mythologie se fait mère des mythes fondateurs de l’humanité.

Une scénographie majestueuse

Le texte impeccablement scandé est soutenu par une scénographie simple et somptueuse qui nous emmène parfois à la préhistoire de l’humanité, dans la boue, les viscères et les danses exorcistes, inspirées de Pina Bausch, ou dans l’Antiquité, tout à l’élégance de Clytemnestre ou d’Hélène, jumelles magnifiquement incarnées par Elsa Lepoivre, toujours exceptionnelle. Les percussionnistes sur scène mêlant Gongs, bols Tibétain et timbales, évoquent un autre voyage, celui du théâtre japonais, et quand le chœur antique sur scène nous ramène à la Grèce, on est alors à la préhistoire du théâtre.

Une troupe d’acteurs en harmonie

La troupe du Français est magnifique avec entre autres Denis Podalydès ou Didier Sandre, tous deux à la diction généreuse, avec ou sans micro. Et bien sûr, Suliane Brahim (Electre) dont l’énergie hors norme semble soufflée par les dieux. Cette programmation est à l’image de ce grand théâtre et son patron Eric Ruf, exigeante, gonflée et parfaitement contemporaine. Vos grands ados pourraient même adorer, si vous leur glissez que cela ressemble à Game of Thrones.

Jusqu’au 3 juillet en alternance salle richelieu

Réservations : 01 44 58 15 15 ou www.comedie-francaise.fr

AU CINEMA-Pathé Live

Spectacle diffusé dans 300 salles de cinéma en France et étranger

Lundi 23 mai à 20h15

Reprise le 16 juin à 17h

Les 18 et 19 juin à 20h

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