Exposition : le Grand Palais complètement Miró

Publié le 6 janvier 2019 à 08:00 Mis à jour le 6 janvier 2019 à 08:00
Miro, Femmes et oiseaux dans la nuit
La rétrospective dédiée au maître catalan célèbre, à travers lui, une liberté stylistique et politique qui a marqué l'art du XXe siècle. Il reste encore quelques jours, jusqu'au 4 février 2019, pour aller la voir à Paris.

En sortant de l’école, les marmots du square de l’Oiseau lunaire à Paris, dans le 15e arrondissement, aiment aller grimper sur le bronze de Miró, malgré les interdictions. Personne (ou presque) ne les gronde, peut-être parce que leur énergie rend le plus beau des hommages à un artiste dont la vitalité a irradié la création durant soixante-dix ans.

Un nouveau langage poétique

Aux parents qui les surveillent depuis un banc, une plaque rappelle qu’il travailla tout près d’ici, au 45 de la rue Blomet, dans un repaire où il voisinait avec une autre célébrité : son ami et artiste André Masson. Dans les années 1920, Joan Miró y fréquente une bouillonnante communauté de poètes et d’écrivains : Robert Desnos, Tristan Tzara, Antonin Artaud… Tous veulent initier un nouveau langage poétique. Ce sera aussi la marque de fabrique du Catalan. Dès cette période, les éléments du réel s’effacent de ses toiles au profit d’un système de signes : imaginant sous ses pinceaux un alphabet inconnu, il ne cessera plus d’être un inventeur de formes.

« Assassiner » la peinture

Au fil de 150 œuvres, dont d’indispensables icônes (Le Carnaval d’Arlequin, Jeune fille s’évadant, L’Espoir du condamné à mort II…), la rétrospective du Grand Palais rend compte de sa singularité. Chronologique, elle passe par Barcelone où Joan est né en 1893, Paname, bien sûr, ou Palma de Majorque qui abrita son vaste et ultime atelier. Il y mourut à 90 ans, après un long chemin d’expérimentations plastiques, sur tous types de supports : la peinture qu’il affirmait, en 1927, vouloir « assassiner », la sculpture et la céramique qu’il embrassa dans les années 1940 ou le livre illustré. Sur le pavé des Ramblas de Barcelone ou le parvis de la Défense, le flâneur croise aussi son âme dans ses expressions les plus monumentales…

Un défi à Franco

Compagnon de route des surréalistes, Miró est un homme qui s’entoure, mais cultive son indépendance d’esprit. Et chérit la liberté. Balisée par deux guerres mondiales, son existence est chahutée par les chaos du XXe siècle et son œuvre en porte les stigmates. Pour le pavillon espagnol de l’Exposition universelle de 1937 – objet d’une section de cette expo -, cet opposant farouche au Caudillo signe un grand panneau mural : son Faucheur y fait face au manifeste d’un autre Catalan… Guernica de son ami Picasso. Miró a survécu huit ans au dictateur, mais il s’est éteint un 25 décembre. Même aux enfants du square Blomet, le père Noël ne fait pas toujours de cadeau.

Exposition Miró, à voir au Grand Palais à Paris, jusqu’au 4 février 2019.

Oeuvre en photo ci-dessus : Femmes et Oiseau dans la nuit, 5 mai 1947.

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