Les dieux d’Egypte s’exposent à Grenoble

Publié le 24 décembre 2018 à 08:00 Mis à jour le 24 décembre 2018 à 08:00
Servir les dieux à Grenoble
Fort d'un prêt conséquent du Louvre, le musée de Grenoble nous propulse 3000 ans en arrière, au cœur du célèbre temple égyptien de Karnak et de son puissant clergé "paritaire". Une exposition à voir jusqu'au 27 janvier 2019.

D’ordinaire, le voyage commence ici. Point de départ des croisières qui remontent le Nil au fil du temps, l’ancienne Thèbes devenue Louxor et son temple de Karnak offrent leur premier choc à ceux qui ont rêvé de la terre des pharaons. Dépassant les clichés de son allée de sphinx à tête de bélier, le musée de Grenoble s’attache à la dimension « humaine » du colosse et à l’organisation de son influent clergé. Une approche judicieuse que le Louvre encourage par un prêt de deux cents pièces à une institution déjà pourvue d’un notable fonds d’antiquités.

Des milliers de personne pour Amon-Rê

Car l’Égypte ancienne n’est pas passion de circonstances dans le Dauphiné. Après l’expédition de Bonaparte, elle fascine ses élites dont elle nourrit les collections privées. Quant au chef-lieu de l’Isère, il cultive le souvenir d’un bibliothécaire et professeur devenu célèbre : le perspicace Champollion. Au cœur du propos, la Troisième Période intermédiaire. Une phase d’inconstance dynastique où Thèbes joue un rôle de stabilisation important au sud pour les pharaons installés dans le delta du Nil. Karnak, le plus grand temple de la ville, y est voué au dieu démiurge Amon-Rê. Des milliers de personnes le servent selon une très stricte hiérarchie et les prêtres, outre leurs fonctions sacerdotales, endossent des missions politique, économique ou administrative d’envergure. « Révélation » de l’expo dont se réjouiront les féministes : le sexe faible occupe aussi une place de choix.

L’importance des femmes

Les adoratrices du dieu veillent à sa fertilité ; leurs suivantes, les chanteuses d’Amon, à la renaissance permanente du monde qu’il a créé. Les premières, des vierges se succédant par adoption, sont « souvent princesses et bénéficient de biens importants, d’intendants, d’un domaine agricole à titre personnel« , explique Florence Gombert-Meurice, conservateur en chef du Patrimoine au département des Antiquités égyptiennes du Louvre et commissaire de l’événement. Beaucoup de puissance, donc, entre ces murs, sans compter que les prêtres tendent alors à instituer l’hérédité de leur charge. L’exemple de Pinedjem Ier, grand prêtre d’Amon devenu pharaon, atteste de certaines velléités de s’emparer du pouvoir. Son collier en or orné de lapis-lazuli devrait, à l’image du parcours, attirer les amateurs d’art autant que d’histoire. « Le point fort de la période tient au raffinement de l’orfèvrerie, du travail du bronze, très différent de ce que l’on connaissait, et à celui de la polychromie sur des objets en bois ou papyrus très fragiles« , commente Florence Gombert-Meurice.

Des cercueils chargés de symbole

Les découvertes effectuées dans la nécropole thébaine en démontrent la finesse. « Précédemment, on décorait davantage les tombes qui pouvaient comporter de véritables viatiques pour l’au-delà. » Échaudés par les pillages, « les prêtres ont pris l’habitude d’inscrire toute la symbolique de leur survie après la mort sur leur cercueil« . Éclairants témoignages pour la postérité. Méconnue du grand public faute d’être associée à des monuments iconiques, la Troisième Période intermédiaire (1069-664 av. J.-C.) mérite une attention soulignée avec pertinence par l’expo grenobloise que devraient renforcer les fouilles récentes. Alors que 2022 marquera le bicentenaire du déchiffrage des hiéroglyphes, elle dessine une perspective réjouissante pour qui s’éloigne de l’ombre écrasante des pyramides: tout un pan de l’Égypte reste à décrypter !

Exposition au Musée de Grenoble jusqu’au 27 janvier 2019 : « Servir les dieux d’Égypte. Divines adoratrices, chanteuses et prêtres d’Amon à Thèbes ».

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