MERYL STREEP, ARDENTE SUFFRAGETTE

Publié le 17 novembre 2015 à 13:00 Mis à jour le 17 novembre 2015 à 13:00
Mery Streep
L'actrice américaine fait une apparition furtive, mais symbolique, dans le film Les Suffragettes, qui retrace le combat acharné des Anglaises pour pouvoir voter.

« Toutes les petites filles devraient connaître cette histoire, et tous les petits garçons devraient l’avoir inscrite dans leur cœur ». D’une phrase, une seule, Meryl Streep inscrit sa participation au film Les Suffragettes dans un devoir de transmission. Dans le rôle d’Emmeline Pankhurst, figure du mouvement, elle n’apparaît pas plus de dix minutes à l’écran. Mais, par ce discours qui exhorte ses sympathisantes à radicaliser leur action, elle rafraîchit aussi nos mémoires.

Quelques « détails » de l’Histoire oubliés par les abstentionnistes

En 1900, pour l’Angleterre, les femmes ne sont ni assez équilibrées, ni assez pausées pour voter. Après 50 ans de manifestations pacifiques pour obtenir de s’exprimer aux législatives, elles restent exclues du processus parlementaire au même titre que… les fous, les prisonniers et les mendiants ! Elles radicalisent donc leur action, sous l’impulsion de l’Union sociale et politique des femmes (WSPU). Emmeline Pankhurst qui la crée en 1903, veut ainsi sensibiliser la nation à leur cause. Et désormais convaincre par les actes et non les mots.

Le terme de « suffragettes » était, à l’origine, péjoratif. Ce mot qui résonne avec tant de noblesse dans l’histoire des conquêtes féminines revient à la presse britannique. Elle l’inventa pour ridiculiser les activistes avant que celles-ci ne se l’approprient.

Leur lutte fut un long chemin de sacrifices. La réalisatrice Sarah Gravon rappelle les pressions, intimidations, menaces qui pèsent sur ces militantes que leurs opposants traitent des « femelles hystériques » et qu’ils perçoivent comme une menace pour l’ordre social. Lassées de prêcher dans le désert, elles mènent, à Londres, une forme de guérilla, font exploser les boîtes aux lettres publiques, sabotent les lignes télégraphiques, s’enchaînent aux grilles des bâtiments. Plus de mille d’entre elles sont emprisonnées dont Emmeline et ses filles. Quand elles font la grève de la faim, on les nourrit de force de peur que l’opinion ne s’émeuve de leur sort. A méditer avant de se dire que l’on préfère aller taquiner le goujon les jours d’élections.

La Française a pu voter dix ans après la femme turque. Le cartouche qui clôt le film égrène la chronologie du droit de vote des femmes dans le monde. La Nouvelle-Zélande ouvre le bal en 1897. Les Britanniques, à partir de 30 ans, l’obtiennent dès 1918. La Turquie l’accorde à ces citoyennes en 1934. Dix ans avant l’Hexagone, où les Françaises se rendent aux urnes pour la première fois lors des municipales de 1945.

Pourquoi on milite pour ce film

Le récit qui suit la radicalisation d’une ouvrière fictive, n’est pas exempt de défauts. Sa réalisation reste très classique, l’héroïne principale manque charisme. Mais il l’emporte par la force de son propos. Comme Selma qui retraçait, en 2015, la lutte des Noirs Américains pour le respect de leurs droits civiques, Les Suffragettes célèbre l’esprit de résistance. Et rend un vibrant hommage à celles qui se sont battues pour nos libertés. Leur victoire est assortie d’un constat amer : « La guerre est le seul langage des hommes« , déplore une héroïne qui renvoie chaque spectateur à sa conscience. Jusqu’où chacun d’entre nous est-il prêt à aller, pour défendre ses droits ? A l’aune de toutes les batailles que les femmes ont encore à livrer sur le terrain de l’égalité, cette piqûre de rappel permet aussi de mesurer le fossé entre deux conquêtes. Acquérir la possibilité d’exprimer sa voix. Et parvenir à la faire entendre.

Les Suffragettes de Sarah Gravon avec Carey Mullingan, Helana Bonham Carter, Meryl Streep… Dans les salles dès le 18 novembre.

Pour croiser d’autres femmes de têtes sur sur www.pleinevie.fr, consultez :

– la chronique du spectacle Le fond de l’air effraie de Sofia Aram

– le compte-rendu de l’exposition Etre femme sous Louis XIV

D’autres articles pour les férus d’histoire :

– la chronique du film Le fils de Saul,

– le compte-rendu de l’exposition : Osiris, mystères engloutis d’Egypte

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