Rétroactu : 3 mai 1936 – Victoire du Front populaire

Publié le 3 mai 2016 à 16:20 Mis à jour le 3 mai 2016 à 16:20
Le Front populaire remporte les élections du 3 mai 1936.
Au soir des élections législatives du 3 mai 1936, les urnes rendent leur verdict : la gauche est majoritaire en sièges. Léon Blum devient président du Conseil un mois plus tard. C'est le début du Front populaire qui va révolutionner le quotidien des Français.

Si les trompettes de la victoire retentissent pour la gauche il y a tout juste 80 ans, il faut se plonger deux ans plus tôt pour en comprendre l’origine. Le 6 février 1934, une manifestation des ligues d’extrême-droite anti-parlementaires dégénère en émeute. Le bilan est lourd : une trentaine de morts et des centaines de blessés gisent sur la place de la Concorde à Paris. Conscientes de la menace fasciste, les forces de gauche décident alors de s’unir : le Parti communiste mené par Maurice Thorez, la SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière, ancêtre du PS) avec Léon Blum à sa tête et, plus au centre, le Parti radical-socialiste d’Edouard Daladier.

57% des voix à gauche

Le premier tour des élections législatives, le 26 avril 1936, est remporté haut la main par les forces de gauche qui totalisent 57%. Ce succès se transforme en nombre de députés la semaine suivante : 386 sièges sur 608 reviennent au Front populaire. C’est la SFIO qui remporte la première place de la coalition avec 147 élus. Logiquement, c’est donc son chef, Léon Blum, qui est appelé à devenir chef du gouvernement, on parle alors de Président du Conseil. Sous la IIIe République, le Président de la République est élu par les députés et n’a que très peu de pouvoir… si ce n’est de nommer le Président du Conseil vainqueur des urnes. Tâche dont s’acquitte Albert Lebrun en nommant Léon Blum à Matignon le 4 juin 1936, une fois le mandat de la précédente chambre des Députés échu.

Un pays paralysé par les grèves

Mais le peuple de gauche, ouvriers puis employés en tête, n’attend pas cette nomination les bras croisés… Pour marquer les esprits et appuyer la victoire de la gauche avant l’entrée en fonction du gouvernement, les premières grèves éclatent dès le 11 mai. C’est d’abord le Havre qui est touché avec les usines d’aviation Bréguet puis Toulouse et Courbevoie. La mobilisation prend de l’ampleur avec l’arrivée de Renault et de ses 30000 employés dans la grève. Peu à peu, c’est toute la société qui s’arrête : les usines sidérurgiques ou textiles, mais aussi les salles de spectacles, les crieurs de journaux, les garçons de café… On estime les grévistes à 2 millions alors que se multiplient les occupations d’usines dans une atmosphère de liesse. Toute la France qui travaille relève la tête, pleine d’espoir dans le futur gouvernement qu’elle a élu.

Signature des accords de Matignon

Les attentes des salariés ne vont pas être déçues. Trois jours après son arrivée au pouvoir, dans la nuit du 7 au 8 juin 1936, Léon Blum signe les accords de Matignon avec le patronat et la CGT. En quelques semaines, les avancées sociales sont immenses et marquent encore les esprits 80 ans plus tard. Les salaires sont augmentés de 7 à 15% selon les secteurs, le travail hebdomadaire passe de 48 heures à 40 heures (on parle de « semaine des deux dimanches »), des droits syndicaux sont établis, les congés payés sont institués avec 15 premiers jours. On garde tous en mémoire les images de ces travailleurs éberlués, sautant dans les trains pour admirer la mer une première fois… Dans la foulée, des lois sont votées pour la retraite des mineurs, les allocations chômage et les nationalisations dans l’armement, l’aéronautique et les chemins de fer.

Le temps des désillusions

L’euphorie ne dure malheureusement pas. Les résultats économiques ne sont pas au rendez-vous, on parle du « mur de l’argent ». Une dévaluation et la montée des prix réduisent à néant les hausses salariales tandis que les déficits se creusent et que le chômage progresse. Côté international, les pressions britanniques obligent la France à rester neutre dans la guerre d’Espagne. Un climat délétère pousse Léon Blum à démissionner le 21 juin 1937. Le Front populaire dure une année de plus sous la conduite de Camille Chautemps mais le souffle originel n’est plus là. Lorsque Daladier prend les commandes en 1938, le Front populaire n’est déjà plus qu’un souvenir. Mais en 2016, on se souvient encore de cette liesse et de ces avancées sociales quasi extraordinaires. D’autant que la scolarité obligatoire passe de 13 à 14 ans et que, dans un pays où les femmes n’ont pas le droit de vote, arrivent les premières femmes secrétaires d’Etat avec notamment Irène Joliot-Curie… Alors, qui aujourd’hui dit mieux ?

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