Steve Jobs continue à se faire des films

Publié le 2 février 2016 à 19:00 Mis à jour le 2 février 2016 à 19:00
Incarné à l'écran par Michael Fassbender, le cofondateur d'Apple est au cœur d'un biopic qui mérite de séduire bien au-delà du cercle des accros de l'informatique.

Si vous ne savez pas vous servir d’un IPhone et êtes à la limite de vous en glorifier, si vous considérez votre ordinateur comme une aliénation nécessaire pour ne pas passer aux yeux du monde pour un diplodocus échappé de Jurassic Park, il y a toutes les chances que vous n’ayez aucune intention, ni envie de vous farcir un film sur Steve Jobs. A fortiori, si vous avez entendu dire que le premier biopic qui lui fut consacré (Jobs en 2013) était un bide et que le box-office US a réservé à celui-ci un accueil plutôt tiède. Il arrive, cependant, aux Américains d’avoir tort. Voici trois raisons d’aller croquer l’Apple.

A défaut d’être un mec bien, Jobs est un personnage fascinant

Qu’est ce qui fait marcher Steve Jobs ? L’homme décédé en 2011, à 56 ans, était-il un génie ou un tyran mégalo ? C’est à ce mouvement de balancier permanent, de fascination pour l’esprit visionnaire et de répulsion pour le patron hystérique que nous agrippe ce film voulu par son scénariste comme un « portrait impressionniste ». Fascinante, en effet, cette détermination avec laquelle Jobs bidouille le premier ordinateur personnel dans un garage avec Steve Wozniak. Magnétique, cette opiniâtreté avec laquelle il revient chez Apple en fils prodigue, après en avoir été viré en 1985.

Jobs a la foi. Mais, en quelles lois ? Ses actions lui rapportent 441 millions de dollars ; l’enfant adopté laisse sa fille – qu’il refuse d’ailleurs de reconnaître-  vivre de l’aide sociale… Sa dualité nourrit un drame shakespearien fait de luttes de pouvoir, de coups bas et d’amitiés trahies, prétextes à des joutes verbales d’anthologie. Michael Fassbender, qui a reconnu avoir hésité à assurer le Jobs, brigue, grâce à lui, l’Oscar du meilleur comédien. Kate Winslet, méconnaissable dans la peau de sa collaboratrice Joanna Hoffman, convoite celui du meilleur second rôle féminin.

Un rythme aussi échevelé que celui d’une Hotline sous tension

Délaissant les sentiers rebattus du biopic exhaustif, le film s’articule autour du lancement de trois produits jalons, emblématiques dans la carrière de Jobs : le Macintosh en 1984, le NeXTcube en 1998, l’IMAC en 1998. Chacun, en 40 minutes, fait l’objet d’un compte à rebours que le réalisateur Danny Boyle orchestre avec le même rythme haletant que celui de son Slumdog millionnaire. Raconter le milliardaire Steve Jobs, c’est aussi retracer l’histoire de la guerre sans merci que se sont livrées Apple et IBM. Et dans le genre univers impitoyable, les requins de l’informatique feraient passer les pétroliers de Dallas pour des enfants de cœur.

La phrase que l’on retient :

« Tes produits valent mieux que toi, mon frère« , lance Steve Wozniak à Jobs, déçu par son refus de reconnaître l’importance de ceux ont contribué à la genèse de ses innovations. En imposant à notre monde, ordinateur, baladeur, smartphone et tablette, l’entrepreneur en a changé la face. La chute de ce biopic, à notre goût trop lacrymale, tente de redessiner un visage humain à cet homme aussi chaleureux qu’un « hello » d’ordinateur. Mais il reste quand même quelque chose qui « bugge » chez ce pseudo winner…

Steve Jobs. Biopic de Danny Boyle avec Michael Fassbender, Kate Winslet, Seth Rogen, Jeff Daniels. Sortie le 3 février.

A lire :

La bio autorisée dont est inspirée le film : Steve Jobs de Walter Isaacson (JC Lattès, 2011) 

Steve Jobs, quatre vies de Daniel Ichbiah. (Delpierre. 3ème édition revue et enrichie de Les 4 vies de Steve Jobs paru chez Leduc en 2011.)

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