Alia, Tunisie

Publié le 5 novembre 2008 à 15:45 Mis à jour le 18 octobre 2017 à 13:57
Alia, Tunisie
“Même si je suis musulmane, nous célébrons Noël comme nos voisins”

Je suis la fille, la mère et la grand-mère d’une famille de garçons ! Ma mère et mon père, l’écrivain tunisien Abou Kassem Dardori, avaient chacun douze frères. J’ai eu quatre garçons. Deux sont des footballeurs professionnels en Tunisie, les deux autres vivent en France et ont épousé des Françaises : ils m’ont donné deux petits-fils, Farès, 4 ans et demi, et Wael, 5 ans et demi ; le petit frère de Farès est prévu pour ces jours-ci. Même si je suis musulmane et très croyante, nous célébrons Noël comme nos voisins, avec des cadeaux, le sapin illuminé, la dinde… Depuis que je suis arrivée en France à 20 ans, nous fêtons les fêtes françaises et musulmanes ; ainsi, mes petits-enfants reconnaissent et apprécient leur double appartenance. Ma bru Stéphanie a eu Wael jeune, à 16 ans et demi. On a fait la fête suivant les coutumes tunisiennes, le 7e jour après l’accouchement. Et le grand mariage l’année d’après, avec le henné et 500 personnes…

Je m’occupe tout le temps de mes petits-fils. Ils figurent sur mon passeport et chaque été je les emmène trois mois en Tunisie. Dans mon salon, je pousse les commodes Louis XV, je mets les matelas par terre, avec leurs jouets, pour qu’ils s’amusent. L’essentiel, pour moi, c’est qu’ils soient heureux. Je ne crie ni ne tape jamais, je punis avec les paroles. Je veux qu’ils respectent leurs parents, et aussi qu’ils sachent partager. L’Aïd el-fitr ressemble beaucoup à Noël: le soir, on cache sous les coussins les vêtements neufs, des baskets à la chemise, et, au matin, on s’habille de frais. L’Aïd conclut le Ramadan, qui permet d’éprouver la pauvreté. J’apprécie qu’à 5 ans et demi, quand il voit un pauvre dans la rue, mon petit-fils me dise : «il faut donner, Dedei» (Dedei, c’est mon petit nom, une déclinaison de Jedei, grand-mère en arabe). J’ai grandi entourée de garçons, mais j’ai été élevée par ma grand-mère: m’occuper de mes petits-enfants est une façon de lui rendre ce que j’ai reçu d’elle.”

Aliette de Crozet

Publié dans Pleine Vie n° 270, décembre 2008

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