Un musée digne de Camille Claudel à Nogent-sur-Seine

Publié le 28 avril 2017 à 08:00 Mis à jour le 28 avril 2017 à 08:00
La Valse ou Les Valseurs
Le nouveau musée Camille Claudel possède la plus importante collection publique au monde des oeuvres de la sculptrice. Et il les met en scène avec pertinence.

Conservatrice en chef honoraire du Patrimoine, Françoise Magny a été chargée du projet scientifique et culturel du nouveau musée Camille Claudel à Nogent-sur-Seine, dans l’Aube. Elle nous éclaire sur l’esprit dans lequel a été conçu cet écrin. 

– Quel lien unit Camille et Nogent-sur-Seine?

C’est là qu’elle commence à modeler. Son père, conservateur des hypothèques, a été nommé en 1876 dans la commune et la famille y va rester trois ans. Face à cette enfant qui veut devenir sculptrice, il se pose des questions et il fait venir Alfred Boucher, alors auréolé par son second prix de Rome. Stupéfait par le travail de Camille, Boucher l’aidera beaucoup pour qu’elle aille à Paris.

– Le musée ne se contente pas d’exposer l’artiste. Il la « contextualise ». Pourquoi ce parti-pris ?

A l’origine, c’est un musée de sculptures créé en 1902 par Boucher et Paul Dubois qui ont grandi à Nogent. Il s’appuie sur leurs dons et sur ceux de leurs amis. D’où une collection homogène et très circonscrite dans le temps qui nous permet de montrer ce à quoi était confrontée cette femme, ses difficultés et ce en quoi elle a pu incarner une rupture. L’époque était aux sculptures officielles qui mettaient à l’honneur les grands hommes de la Nation ou représentaient des allégories de la République. Cette « statuomanie » n’intéressait pas Camille. Et n’ayant pas de commande, elle a choisi ses sujets. Nogent dispose de l’ensemble le plus complet du monde. Même s’il faut aller au musée Rodin pour voir certains de ses chefs-d’œuvre, la base est ici.

– Rodin a influencé Camille. C’est réciproque ?

Et évident, même si c’est difficile à appréhender, sauf en les confrontant sur des sujets similaires comme la représentation du couple. Chez Camille, l’amour est partagé, poétique. Chez Rodin, il est fou, sexuel, il explose… voyez L’éternel printemps. Mais, dans la vitrine où nous l’exposons, il y a aussi L’éternelle idole avec cet homme agenouillé et très respectueux vis-à-vis de la femme. On sent l’esprit de Camille. Beaucoup d’échanges se sont aussi produits dans l’intimité de leurs discussions. Rodin a dit qu’il avait eu la chance de travailler avec quelqu’un par qui il était tout le temps compris. En 1897, lorsque Camille lui adresse un mot à propos de son Balzac, ils sont séparés depuis longtemps. Mais elle a une approche très juste de cette création. Elle parle de la manière dont il en a traité les draperies, mais aussi de ses manches vides. Elle voit tout de suite en quoi cette oeuvre est exceptionnelle. Dans l’échange avec Rodin, elle a reçu, mais lui aussi…

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