13 propositions pour valoriser l’intergénération

Publié le 9 mars 2017 à 11:00 Mis à jour le 9 mars 2017 à 11:00
Intergénération
Les seniors jusqu'à peu et les jeunes aujourd'hui subissent les plus fortes inégalités. Des experts livrent leurs solutions à ces difficultés, pour une société plus juste, et pour tisser des liens entre les uns et les autres. Avis aux candidats !

4 PROPOSITIONS POUR LES 18-25 ANS

Garantir le logement des jeunes

« L’insertion s’effectue par le CDI, clé de l’autonomie, constate Hélène Xuan. Afin de payer leur logement, les jeunes sont aujourd’hui contraints d’accepter des emplois hors compétences ou peu épanouissants. » L’économiste propose d’inverser la logique en créant un fonds pour financer une part de leur loyer. Bruno Palier, lui, invite « les pouvoirs publics à faciliter les rapprochements entre propriétaires seniors, dont les enfants sont partis, et les plus jeunes, contribuant aussi au lien intergénération ».

Élargir les minima sociaux

« La France se caractérise par une solidarité intrafamiliale , analyse Bruno Palier. Les familles riches aident richement et les pauvres chichement.

La période de transition entre la fin de la scolarité obligatoire et l’accès au premier emploi stable dure une quinzaine d’années alors que les jeunes sont exclus du RSA. » Il faut donc leur ouvrir l’accès à ces minima sous conditions de ressources non liées aux revenus des parents.

Favoriser les donations précoces

« Du fait de l’allongement de la vie, on hérite souvent du patrimoine familial après 60 ans, observe André Masson, économiste, directeur de recherche au CNRS.

Et comme les jeunes n’arrivent plus à acquérir leur logement, la donation s’avère plus utile que jamais, favorisant aussi la création ou la reprise d’entreprise. Il faut modifier les droits de succession, mais pas avec les vieilles recettes. » Pour l’économiste, alléger la fiscalité des donations profite surtout aux riches et diminue les recettes fiscales. L’inverse freine les donations.

« Le système à mettre en place doit taxer lourdement les héritages familiaux, surtout les plus élevés, de manière progressive avec surtaxe au moment du décès. En parallèle, on favorisera fiscalement donations précoces, viagers, legs caritatifs.  »

Éduquer à la citoyenneté

Le manifeste « Prendre le parti des jeunes », porté par les Apprentis d’Auteuil, met en avant des propositions pour aider les jeunes en difficulté à mieux s’insérer dans la société, avec pour objectifs d’accepter la différence, de rendre service, de se forger un esprit critique et d’apaiser les rapports sociaux. Il préconise de développer toute action en faveur de l’éducation à la citoyenneté au sein des établissements scolaires ou d’accueil, d’encourager leur engagement associatif et de développer les compétences interculturelles.

4 PROPOSITIONS POUR LES PLUS DE 60 ANS

Former les seniors au travail

« On veut les maintenir en emploi alors que les connaissances se périment de plus en plus vite » , déclare le sociologue Jean-Philippe Viriot-Durandal.

La formation apparaît donc comme indispensable. Or, aujourd’hui, elle diminue fortement à l’approche de la retraite. Il faut donc enrayer cette logique en ouvrant l’accès à la formation aux plus âgés.

Former les futurs soignants

« On apprend aux médecins et soignants à prodiguer des soins techniques sans mettre l’accent sur la relation au patient, déplore Catherine Bergeret-Amselek. Les malades sont avant tout des sujets. » On doit former à plus d’éthique, notamment lorsqu’il s’agit d’annoncer un diagnostic grave ou d’accompagner la fin de vie.

Lutter contre l’isolement

« La solitude des âgés fait le lit de la dépendance et des maladies dégénératives » , constate Catherine Bergeret-Amselek. Un plan d’ampleur facilitant ou renforçant les liens des plus dépendants avec leur environnement doit être entrepris. « Il faut encourager les initiatives de proximité et de voisinage en mobilisant bénévoles, structures professionnelles, outils numériques… pour détecter les risques d’isolement et y remédier. »

Coordonner structures et professionnels en charge des plus dépendants

« Pour prévenir et accompagner la perte d’autonomie, c’est toute la chaîne des métiers et intervenants qu’il faut faire évoluer, pointe la psychanalyste. Des financements complémentaires doivent aussi être injectés pour favoriser le maintien à domicile. » Pour mieux orchestrer le tout, on pourrait créer un guichet unique capable d’assurer l’accompagnement individualisé des plus fragiles et de leurs aidants.

5 PROPOSITIONS POUR L’INTERGÉNÉRATIONNEL

Lier le sort des retraités à celui des jeunes

Afin d’améliorer la coopération entre générations, Hélène Xuan propose d’intégrer les jeunes dans les instances représentatives, conseils d’orientation des retraites, instances mutualistes ou de prévoyance.

« L’occasion d’expérimenter une démocratie intergénérationnelle. »

Favoriser l’échange de savoirs

Il faut créer des dispositifs incitatifs pour insuffler une solidarité intergénérationnelle : les seniors doivent contribuer à la cohésion sociale en apportant leur soutien aux jeunes via un parrainage de leurs études ou leur insertion professionnelle, ces derniers initiant les plus âgés au numérique.

Sensibiliser aux stéréotypes liés à l’âge

Il existe autant de stéréotypes à l’égard des jeunes que des seniors. D’un côté, une société axée sur le culte du corps et de la rapidité, peu ouverte aux plus vieux.

De l’autre, une société incapable de donner leur chance aux jeunes, en ne leur proposant que des stages tout en leur reprochant leur manque d’expérience. Il faut faire bouger les représentations sur le vieillissement par le biais de programmes de sensibilisation destinés au grand public (télé, radio…) et réinvestir les acteurs économiques vis-à-vis de la jeunesse.

Développer la médiation intergénérationnelle

Les Français sont de plus en plus friands d’intergénération, mais les politiques tardent à mettre en avant ce sujet. « C’est pourtant le nerf de la guerre pour réinjecter de la solidarité et éviter les fossés d’incompréhension et donc les conflits », insiste Catherine Bergeret-Amselek, qui propose de développer la fonction de médiateur afin de multiplier les rencontres entre jeunes et plus âgés partout où c’est possible (associations, écoles, résidences…).

Concevoir une politique de l’emploi juste

Jeunes et seniors font face aux mêmes risques de précarité liés aux mutations du travail. La pierre d’achoppement porte sur l’entrée et la sortie du marché de l’emploi. « Il faut sortir de la logique exclusive et améliorer les outils d’information pour que chacun soit en mesure d’appréhender les opportunités de changement d’emploi et de sécurisation de son parcours (formation…) », insiste Jean-Philippe Viriot-Durandal.

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