10 conseils d’experts pour prévenir et soulager l’arthrose

Publié le 30 septembre 2015 à 12:00 Mis à jour le 30 décembre 2022 à 10:32
Les points douloureux de l’arthrose
Les malades comptent sur les chercheurs pour trouver l'origine de l'arthrose et des médicaments ciblés. (2è partie).

Premier motif de consultation médicale après les maladies cardiovasculaires, l’arthrose est une maladie invalidante. Le point sur tout ce qu’il faut savoir sur cette maladie qui altère globalement l’état de santé et la qualité de vie.

1. Une alimentation riche en bons acides gras

Les oméga-3, acides gras polyinsaturés contenus dans les poissons gras (sardine, maquereau…) et les huiles de colza ou de noix, ont la vertu de bloquer ou de freiner les réactions aboutissant au processus inflammatoire, à l’inverse des graisses saturées (graisses animales, huiles de coprah et de palme). Diverses études montrent aussi l’intérêt de consommer des acides gras mono-insaturés (huile d’olive) pour protéger le cartilage osseux. Donc, vive le régime méditerranéen !

2. Bouger soulage-t-il les douleurs arthrosiques ?

L’exercice physique entraîne un bénéfice fonctionnel et algique. Mais si une pratique modérée favorise la production de cytokines anti-inflammatoires, quand elle est intense, elle a, en revanche, un effet pro-inflammatoire. « En cas de poussée douloureuse, il ne faut pas trop forcer, ni trop mobiliser l’articulation », recommande le Pr Chevalier. Les activités qui font travailler le corps en décharge ­ comme le vélo et la natation ­ sont préférables aux sports violents et intensifs. « L’exercice physique n’est jamais mauvais dès lors que l’on n’a pas trop mal, que l’on en a envie et qu’on le pratique régulièrement, sans excès », résume le Pr Trèves.

3. Le stress enflamme-t-il les articulations ?

« Seul le stress mécanique dû à des microtraumatismes physiques enflamme les articulations, pas le stress psychique », précise le Pr Trèves. « En revanche, l’arthrose s’accompagne volontiers d’une lassitude psychique, indique le Pr Chevalier : il y a 5 % à 10 % de vrais déprimés dans la population arthrosique. »

4. Quel traitement prendre contre la douleur ?

En première intention, du paracétamol (4 g par 24 heures). « Mais cela ne marche pas très bien, car les patients ne sont pas assez observants : ils ne prennent pas régulièrement leur gramme toutes les 6 heures », regrette le Pr Trèves. En cas de poussée inflammatoire avec douleur au repos, on peut aussi recourir à un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS), comme par exemple l’ibuprofène, « en fonction de l’horaire de la douleur (diurne ou nocturne) ». « Mais sans excès dans la durée et en prenant bien en compte des associations de pathologies, notamment cardiovasculaires, et en restant s vigilant sur la prise d’autres médicaments, en particulier celle concomitante d’anticoagulants », complète le Pr Chevalier. Enfin, lorsque ni le paracétamol ni les AINS ne soulagent, le médecin peut prescrire un antalgique de niveau 2 (un opiacé faible) : codéine + paracétamol ou tramadol + paracétamol, sachant que ces médicaments ne sont pas toujours bien tolérés (somnolence, vertiges, nausées).

5. Les traitements locaux sont-ils efficaces ?

Les crèmes, gels ou pommades se révèlent souvent être « un cautère sur une jambe de bois, selon le Pr Trèves. Ils ne contribuent qu’à soulager les arthroses très superficielles des doigts et genoux en complément d’autres médicaments ». « L’efficacité des gels d’antiinflammatoire est prouvée, mais reste inférieure à celle d’AINS pris oralement », tempère le Pr Chevalier.

6. Quand faut-il pratiquer une infiltration ?

Lorsque les antalgiques et anti-inflammatoires oraux n’agissent pas ou en cas d’intolérance à ces médicaments. L’infiltration consiste à injecter un corticoïde dans l’articulation. « Pas plus de trois par an et par injection dans la même articulation », prévient le Pr Trèves.

7. L’injection d’acide hyaluronique est-elle plus efficace ?

L’acide hyaluronique lubrifie les surfaces cartilagineuses et les protège des chocs. Cette injection (ou visco-supplémentation) est surtout utilisée dans l’arthrose du genou, mais ne convient ni pour les doigts ni pour les chevilles. « Elle offre un gain thérapeutique en reculant le moment d’une intervention chirurgicale et en améliorant la qualité de vie », indique le Pr Trèves. « Son efficacité, quoique controversée dans la littérature médicale, est globalement favorable, et la tolérance est très bonne », ajoute le Pr Chevalier. Problème : son coût élevé. L’Assurance maladie ne rembourse qu’une injection par an.

8. Que penser des anti-arthrosiques d’action lente (Aasal) ?

Ces médicaments spécifiques contre l’arthrose « apportent un effet antalgique modeste », selon le Pr Chevalier. Ils peuvent diminuer l’intensité des douleurs et réduire la consommation des antalgiques pendant 3 à 6 mois. Leur efficacité est controversée sur les symptômes douloureux dans l’arthrose de la hanche et du genou.

9. Ces médicaments ont-ils tous la même efficacité ?

« Il n’existe pas de médicament révolutionnaire, insiste le Pr Trèves. Il n’y a que des petits moyens. L’action dépend de la carte d’identité arthrosique du patient : les Aasal conviennent aux doigts ; l’acide hyaluronique, au genou ; l’infiltration, à une poussée inflammatoire douloureuse, majoritairement dans le genou. » « Quand on prend la somme des médicaments et des autres traitements non médicamenteux, on arrive à être assez efficace et à soulager nos patients », rassure le Pr Chevalier.

10.Sont-ils sans effet secondaire ?

Les Aasal sont globalement bien tolérés. L’acide hyaluronique ne provoque aucun effet secondaire dans 97 % des cas. L’infiltration peut générer une réaction pseudo-allergique, mais rarement, selon le Pr Trèves. « La tolérance des AINS et des antalgiques de niveau 2 est parfois médiocre », constate le Pr Chevalier. Le Dr Didier Chos conseille de n’en prendre que « sur un temps très court, lors d’une poussée inflammatoire, car ils aggravent la perméabilité intestinale et déséquilibrent la flore intestinale, ce qui est source de douleurs articulaires ». La Haute Autorité de santé estime trop faible le service médical qu’ils rendent, un déremboursement est envisagé. La pétition de l’Association française de lutte antirhumatismale (Aflar) a déjà recueilli plus de 70 000 signatures à la veille de l’été 2014. « La menace de déremboursement est toujours présente officiellement, car nous n’avons pas de nouvelle depuis notre réunion du 19 mai 2014 au ministère de la Santé », a précisé le Dr Laurent Grange, président de l’Aflar, au moment de son interview.

Avec nos experts

Pr Xavier Chevalier, membre de la section Arthrose de la Société française de rhumatologie, chef de service Rhumatologie au CHU Henri-Mondor à Créteil

Dr Didier Chos, président de l’Institut européen de diététique et de micronutrition

Pr Richard Trèves, professeur de rhumatologie au CHU de Limoges rassembler les meilleurs experts en France pour booster l’innovation et initier des partenariats public/privé avec des collaborations internationales.

Commentaires

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Pleine vie