Arthrose : des solutions contre la douleur

Publié le 29 septembre 2008 à 15:17 Mis à jour le 4 novembre 2008 à 13:04
Arthrose : des solutions contre la douleur
Premier motif de consultation des plus de 60 ans, cette maladie du cartilage ne se guérit pas, mais on peut atténuer la douleur et lutter contre la raideur articulaire. Repères et conseils.

Contre l’arthrose, il n’y a rien à faire, c’est l’âge qui veut ça.” “On ne peut pas y échapper.” “C’est l’usure.” “Ça ne va pas aller en s’améliorant.” “J’ai mal, c’est comme ça, on n’y peut rien.” Halte au défaitisme et au fatalisme ! Les connaissances sur l’arthrose ont évolué et on sait que nombre de ces idées – bien ancrées chez les patients mais aussi chez certains médecins – sont fausses.
Ainsi, l’arthrose n’est pas forcément synonyme de vieillissement. Certes, le risque augmente avec l’âge, puisque cette maladie rhumatismale atteint deux tiers des Français de plus de 65 ans. “Mais les lésions du cartilage des gens âgés sont très différentes d’un point de vue anatomique de celles observées chez des personnes arthrosiques”, explique le Pr Maxime Dougados, chef du service rhumatologie de l’hôpital Cochin (Paris). Par ailleurs, la maladie peut aussi toucher des sujets jeunes.

Le cartilage est un tissu vivant en perpétuel renouvellement, quel que soit l’âge.

“Ce n’est pas d’utiliser ses articulations qui les usent, mais le mauvais usage que l’on en fait”, avertit le spécialiste. Bien sûr, le vieillissement joue un rôle en rendant le cartilage moins apte à résister aux agressions, mais il ne peut, à lui seul, déclencher une arthrose. “Les principaux facteurs de risque sont, notamment, l’hérédité, l’obésité, les traumatismes… Il s’agit bien là d’une maladie spécifique, qui justifie une recherche active” (voir encadré sur les traitements de demain, page 134), indique le rhumatologue. La maladie va-t-elle s’aggraver inéluctablement ? “Non, car il y a des facteurs sur lesquels on peut jouer, rassure le Pr Dougados. Mais cela suppose pour le patient de bien connaître la maladie et de se connaître lui-même afin d’adopter des mesures appropriées.” Enfin, douleur et raideur ne sont plus une fatalité. Même si, aujourd’hui, il n’existe pas de moyen – à proprement parler – de guérir l’arthrose, on sait prévenir la maladie et son aggravation, améliorer la qualité de vie des patients qui en souffrent et éviter, quand c’est possible, un recours à la chirurgie.

Une maladie du cartilage

L’arthrose peut toucher n’importe quelle articulation. Toutefois, les plus fréquemment atteintes sont les mains et celles qui supportent le poids du corps. Ainsi, les hanches, les genoux, les pieds et la colonne vertébrale sont les premiers exposés (voir page précédente). À l’origine de l’arthrose, on trouve une altération progressive du cartilage. Cette matière élastique et résistante qui recouvre et protège l’extrémité des os ne joue plus son rôle d’amortisseur lorsqu’on met du poids sur l’articulation. Elle s’use progressivement. À un stade ultime, les os frottent alors l’un sur l’autre. Des excroissances osseuses anormales se développent, pouvant accentuer les phénomènes douloureux. De plus, une inflammation peut apparaître : des fragments qui se sont séparés du cartilage se mobilisent dans l’espace articulaire. L’articulation s’enflamme et fabrique du liquide articulaire en excès, causant son gonflement (épanchement de synovie).

Consulter tôt est essentiel

La douleur est, comme pour beaucoup d’affections rhumatismales, le signe majeur de l’arthrose. Elle survient surtout lors des mouvements et est soulagée par le repos. Autre symptôme : la perte de mobilité qui s’accentue au fur et à mesure de la progression de la maladie. Au final, ces changements rendent difficiles à accomplir les tâches quotidiennes (toilette, habillage, couture, bricolage, marche…) et perturbent donc la vie sociale et professionnelle. “Comme pour d’autres maladies chroniques, la qualité de vie des patients arthrosiques est souvent altérée dans sa globalité”, signale le Dr Pascal Hilliquin, chef du service de rhumatologie du Centre hospitalier Sud Francilien de Corbeil-Essonnes (91). La maladie arthrosique est difficile à comprendre, car elle est imprévisible et ne se développe pas de manière uniforme. Le plus souvent, son évolution se fait en une succession de poussées congestives douloureuses – douleur vive dans l’articulation survenant dès le matin et présente parfois la nuit. Plus rarement, l’articulation peut présenter des modifications visibles à l’œil nu (gonflement) et une augmentation de chaleur locale – entrecoupées par des périodes pendant lesquelles les symptômes sont atténués. “N’attendez pas pour consulter, et ce d’autant que les poussées congestives sont probablement un des principaux phénomènes qui favorisent la destruction du cartilage”, précise le Dr Hilliquin. Votre médecin traitant pourra alors vous orienter vers un spécialiste (rhumatologue, radiologue) ou un autre professionnel de santé (kinésithérapeute…) pour une prise en charge adaptée à votre cas.

Un éventail thérapeutique

On peut ralentir la progression de l’arthrose. À défaut d’agir sur certains facteurs incontournables, comme l’âge et l’hérédité, des mesures d’hygiène de vie permettent d’alléger vos douleurs (voir encadré sur les 10 mesures, en page précédente). La kinésithérapie peut se révéler très utile. Maintenir l’amplitude des mouvements, masser pour assouplir, prévenir ou lutter contre les mauvaises attitudes, renforcer la musculature : tels sont les objectifs de la rééducation, qui peut aussi être pratiquée en piscine et dans le cadre de cures thermales à visée rhumatologique. Il n’existe pas encore de traitement miracle de l’arthrose. Toutefois, de nombreux médicaments peuvent soulager la douleur ou freiner l’évolution de la maladie.

Les antalgiques. Du fait de sa tolérance et de son efficacité, le paracétamol (jusqu’à une dose de 4 grammes par jour) est l’antalgique de premier choix, en prise systématique ou à la demande. En cas de résultat insuffisant, on peut y ajouter un anti-¬inflammatoire à dose efficace, la plus faible possible. Attention, chez les seniors, ses effets secondaires digestifs justifient l’association d’un gastroprotecteur.

Les infiltrations de corticoïdes. En cas de poussée congestive rebelle aux médicaments, le médecin prescrit des infiltrations de cortisone.

Les anti-arthrosiques d’action lente. Ils sont ainsi appelés car leur délai d’action est de l’ordre de 6 semaines. Leurs avantages : un effet démontré, quoique modeste, sur la douleur et la gêne fonctionnelle de la hanche et du genou et une faible toxicité. “Ils peuvent surtout permettre de réduire le recours aux médicaments anti-inflammatoires”, considère le Dr Hilliquin. Plusieurs molécules appartiennent à cette catégorie, comme la diacérhéine, la chondroïtine sulfate et les insaponifiables d’avocat et de soja ainsi que la glucosamine, considérée en France comme un complément alimentaire.

Autre thérapeutique pouvant s’apparenter à un traitement actif sur le long terme : les injections d’acide hyaluronique. Cela consiste à injecter un gel transparent dans le genou. Cette substance lubrifie le cartilage, soulage la douleur et favorise une plus grande mobilité. Les injections sont faites par un rhumatologue, le plus souvent à 3 reprises et à 8 jours d’intervalle pour un effet d’environ 9 mois. Si le genou est actuellement la seule localisation remboursée, d’autres, comme la hanche, l’épaule et la cheville, peuvent être soignées.

Le traitement chirurgical. Si l’une de vos articulations devient trop endommagée ou que la gêne et la douleur ressentie sont incompatibles avec une vie normale, une intervention chirurgicale pourra être envisagée. Elle consiste principalement en la mise en place d’une prothèse au niveau de la hanche ou du genou.

Bénédicte Tabone et Stéphanie Lavaud

Publié dans Pleine Vie n° 269, novembre 2008

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Les localisations de l’arthrose

Les vertèbres

L’arthrose dorsolombaire est très fréquente et se voit sur les radiographies dès la quarantaine. Le premier symptôme est la douleur.

Que faire? En plus des médicaments (antalgiques, anti-inflammatoires non stéroïdiens), la kinésithérapie joue un rôle essentiel.

Le genou

La gonarthrose est très fréquente, surtout chez les femmes, à partir de 50 ans. Son évolution est imprévisible ; la gêne, extrêmement variable d’une personne à l’autre.

Que faire? Surveiller son poids. Une perte de quelques kilos peut suffire à faire disparaître les symptômes et ralentir sa progression.

La main

L’arthrose digitale se voit souvent chez la femme après la ménopause. Les articulations concernées se situent entre les phalanges (nodosités). L’arthrose du pouce est appelée rhizarthrose.

Que faire? Mettre l’articulation en repos par des attelles sur mesure

(à porter la nuit). Cela calme la douleur et aide à prévenir les déformations.
Nouveau: pour faire face au manque de prise en charge de cette pathologie, source à la fois de douleur, de handicap dans les gestes de la vie quotidienne et de gêne esthétique, le service de rhumatologie de l’hôpital Saint-Antoine (dirigé par le Pr Francis Berenbaum) à Paris a mis en place la première consultation spécialisée dans l’arthrose digitale en France.

La hanche

La coxarthrose concerne aussi bien les hommes que les femmes. Une fois sur deux est en cause une malformation des os de la hanche (dysplasie), certaines activités sportives (danse, football, rugby…) ou professionnelles (agriculteurs, ouvriers du bâtiment…). La douleur ressentie siège dans l’aine ou sur le devant de la cuisse, voire au genou.

Que faire? Pratiquer des exercices physiques qui améliorent les symptômes (douleurs, gêne fonctionnelle…).

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