Tous mobilisés contre la maladie d’Alzheimer

Publié le 21 septembre 2015 à 08:40 Mis à jour le 21 septembre 2015 à 08:40
Alzheimer
Avec près de 850 000 personnes atteintes par cette maladie, la France fait partie des pays où le nombre de malades est le plus élevé. En l'absence de traitements efficaces, la Journée mondiale rappelle la nécessité de soutenir la recherche.

Qu’est-ce que la maladie d’Alzheimer ?

« Elle est la conséquence d’une sorte de conjuration car les neurones sont attaqués par deux ennemis : celui de l’extérieur et celui de l’intérieur », considère le médecin et neurologue Bernard Croisile*. L’ennemi extérieur est une protéine toxique qui s’accumule entre les neurones pour former des amas (plaques amyloïdes). L’ennemi intérieur est une altération d’une autre protéine – la protéine tau – dont le rôle naturel est d’aider à la structure et au bon fonctionnement des neurones. La synergie de ces deux ennemis aboutit au dysfonctionnement puis à la mort des neurones. Ces lésions s’installant d’abord dans les régions de l’hippocampe, essentielles pour enregistrer toutes les nouvelles informations, les plantes de perte de mémoire caractérisent le début de la maladie.

Elle débute avant d’être vieux

Tout comme le cancer ou les maladies vasculaires, les lésions de la maladie d’Alzheimer s’installent quinze à vingt ans avant. « Cette maladie n’est pas liée au banal vieillissement des structures cérébrales », avertit le Dr Croisile. Elle est en fait associée à l’avancée en âge qui rend les neurones plus sensibles à l’accumulation de lésions spécifiques. C’est une maladie de l’adulte jeune qui éclatera lorsqu’il sera âgé. Ce qui pose la question des facteurs éventuels de risque et de protection. »

Des facteurs de risque multiples

L’âge est sans nul doute le principal, non pas en raison d’une usure des neurones mais par l’accumulation de facteurs de risque qui facilite l’éclosion des lésions cérébrales installées quinze à vingt ans plus tôt..

Les femmes plus touchées que les hommes parce qu’elles vivent plus longtemps.

Les risques vasculaires. A la cinquantaine, la présence d’hypertension, d’obésité, de diabète, de troubles lipidiques, de tabagisme, d’inactivité physique augmentent le risque de troubles cognitifs consécutifs à des lésions cérébrales d’origine vasculaire. « Personne ne sera étonné : en abîmant ses vaisseaux, on endommage son cerveau », alerte le Dr Croisile.

Les signes qui font craindre la maladie

Ce qui compte c’est leur intensité, leur répétition et leurs conséquences réelles dans la vie de tous les jours.

Perte de mémoire qui interfère sur le quotidien.

Difficultés à résoudre des problèmes (rédiger un chèque, effectuer des démarches administratives…).

Gêne dans l’accomplissement de tâches usuelles à la maison, dans les loisirs.

Désorientation dans le temps ou l’espace : la personne se perd dans les lieux familiers, ne sait plus la date, confond les saisons, les journées.

Difficultés récentes avec le langage : retrouver des mots, organiser des phrases, se rappeler de l’orthographe.

Tendance à égarer les objets sans pouvoir reconstituer le cheminement de leur rangement.

Altérations du jugement

Repli social

Modification de l’humeur et de la personnalité.

La perte de l’odorat : un signe précurseur ?

Oui, affirme le Pr Henri Joyeux**, chirurgien-cancérologue « par dégénérescence de neurones situés au niveau du bulbe olfactif ». Ce symptôme de perte de l’odorat (anosmie) devrait, selon lui, donner lieu à un dépistage généralisé par un test olfactif… Non, répond catégoriquement le Pr Pierre Bonfils, chef du service ORL de l’Hôpital européen Georges Pompidou, Paris. « Trois habitants sur quatre de cette planète perdent de l’odorat en vieillissant. Ce n’est pas du tout un marqueur de la maladie d’Alzheimer, mais un simple marqueur, très commun, du vieillissement de l’être humain. Il ne faut donc pas affoler les gens ! ».

« Ce symptôme n’est pas discriminant au-delà de 50 ans, tempère le Dr Etienne Hirsch, neurobiologiste et directeur adjoint du centre de recherche de l’Institut du Cerveau et de la Moelle Épinière. Mais, s’il se développe plus tôt, il peut être indicateur d’une maladie neurodégénérative débutante. Les tests d’olfaction combinés à d’autres analyses sont d’ailleurs utilisés dans certains pays pour développer un diagnostic précoce de maladie de Parkinson ».

Comment se fait le diagnostic ?

Il repose sur un faisceau d’éléments qui sont :

– interrogatoire du patient et de son entourage ;

– bilan neuropsychologique appelé souvent « tests de mémoire » pour analyser le fonctionnement cognitif ;

– prise de sang pour vérifier l’absence d’autres maladies ;

– scanner ou IRM pour mesurer l’atrophie de l’hippocampe. « Elle ne suffit pas à poser le diagnostic », alerte le Dr Croisile. L’IRM est parfois normale chez d’authentiques malades alors qu’elle peut montrer une atrophie chez des sujets sains ou chez des patients ayant une maladie vasculaire ou une autre pathologie neurodégénérative. »

*Dr Bernard Croisile est l’auteur du livre Alzheimer Que savoir ? Que craindre ? Qu’espérer ? 297 p, 22,90 €, Ed. Odile Jacob.

**Pr Henri Joyeux est co-auteur du livre Tout savoir pour éviter Alzheimer et Parkinson, 292 p, 19,50 €, Ed. du Rocher.

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