Cancer colorectal: demandez le test à votre médecin

Publié le 11 août 2008 à 15:54 Mis à jour le 9 septembre 2008 à 15:54
Cancer colorectal: demandez le test à votre médecin
La prévention contre l’un des cancers les plus fréquents se généralise. Elle sensibilise les 50-74 ans, à l’intérêt d’un diagnostic précoce.

Avec près de 37 500 nouveaux cas par an en France, le cancer colorectal est le troisième cancer le plus fréquent, après celui de la prostate et du sein, et la deuxième cause de mortalité par le cancer, après celui du poumon. S’il est rare avant 50 ans, son incidence augmente fortement après. Or, il est souvent diagnostiqué trop tardivement. Cela s’explique par sa lente évolution, sans signe avant-coureur dans un premier temps.

Et pourtant, de réels progrès ont été accomplis ces dernières années dans la détection précoce, le dépistage et les traitements. Plus un cancer du côlon ou du rectum est diagnostiqué tôt, plus les chances de guérison sont élevées (dans 9 cas sur 10). Malheureusement, aujourd’hui encore, seul 1 cancer colorectal sur 5, environ, est découvert à un stade précoce. Le dépistage généralisé concerne 16 millions d’hommes et de femmes. Objectif : diminuer de 16 à 18 % la mortalité liée à cette maladie.

Un test simple à faire chez soi
“En l’absence de symptôme, il est établi qu’en faisant un test tous les 2 ans entre 50 et 74 ans, on peut diminuer de 16 à 18 % la mortalité liée à cette maladie, si la participation atteint 50 % de la population concernée”, énonce le Dr Jérôme Viguier, responsable du département dépistage de l’Institut national du cancer (Inca).

C’est pourquoi les pouvoirs publics proposent aux hommes et aux femmes de cette tranche d’âge un dépistage organisé du cancer colorectal. Expérimenté avec succès dans 23 départements depuis 2002, il est en phase de généralisation et devrait couvrir la totalité de l’Hexagone d’ici la fin 2008.

Seize millions de personnes sont concernées. Ce deuxième grand dépistage mis en place (après celui du cancer du sein) est préconisé tous les deux ans. Il repose sur un test (Hemoccult II®) simple, sans douleur, à faire chez soi, qui permet de détecter des traces de sang occulte (non visible) dans les selles. Il s’agit de révéler, à partir de saignement microscopique, de gros polypes susceptibles de se transformer en tumeur cancéreuse.

Une technique qui fait débat au sein de la communauté médicale. En effet, ce type de test ne décèle qu’un cancer sur deux et un gros polype sur cinq. Mais la répétition des examens permet d’améliorer ce taux. “De nouvelles techniques immunologiques plus sensibles sont actuellement en cours d’évaluation et pourraient être mises en œuvre à l’horizon 2010. Par ailleurs, on réfléchit déjà à de nouvelles modalités de dépistage pour l’avenir”, précise le Dr Viguier. Pour l’heure, acteurs de premier plan, les généralistes sont invités à aborder le sujet avec leurs patients à risque moyen et à leur remettre le test.

Surveiller les signes d’alerte

Dans 97 à 98 % des cas, le test s’avère négatif. Dans cette hypothèse, la personne renouvellera un dépistage dans deux ans, selon les mêmes procédés. Néanmoins, il importe de rester attentif. “Le dépistage n’est pas un vaccin contre le cancer”, rappelle le Dr Viguier. Si, dans l’intervalle, des troubles digestifs, un saignement dans les selles – à ne pas attribuer systématiquement à des hémorroïdes – une diarrhée ou constipation inhabituelle, des douleurs abdominales ou encore un amaigrissement inexpliqué apparaissent, il est recommandé de consulter sans attendre son médecin traitant.

Beaucoup plus rare (puisque ne survenant que dans 2 à 3 % des cas), un test positif signifie, à l’inverse, que du sang a été détecté dans les selles. Il faut donc pratiquer une coloscopie pour en identifier l’origine. Pas de panique : cet examen – certes, il n’a pas bonne presse – est moins contraignant qu’il n’y paraît et porteur, la plupart du temps, de bonnes nouvelles. “Dans 60 % des cas, aucune anomalie n’est détectée et le dépistage ne reprendra qu’au bout de 5 ans, rassure le Dr Viguier. Dans les autres cas, il s’agit de polypes (30 %) ou de cancer (10 %), que l’on traite d’autant mieux qu’ils sont découverts tôt. »

Les 5 étapes du test

1- Vous recevez une lettre de l’organisme coordonnant le dépistage. Elle vous invite à aller retirer un test chez votre médecin traitant. Il vous en coûtera le prix d’une consultation : le coût et la lecture du test sont pris en charge à 100 % par l’Assurance maladie.
2- Le médecin traitant détermine si ce test est approprié à votre niveau de risque, en fonction de votre histoire personnelle (voir encadré ci-contre). Si c’est le cas, il vous délivre le kit de dépistage, après vous avoir expliqué les modalités d’utilisation.
3- Une fois chez vous, vous pouvez procéder au test. Prélevez, à l’aide d’une des spatules, un fragment de selles de la taille d’une lentille. Déposez-le sur chacune des 2 fenêtres de la plaquette. Cet examen se pratique trois jours de suite (trois plaquettes fournies).
4- Vous insérezles plaquettes dans l’enveloppe T à l’adresse du laboratoire d’analyses, puis vous la postez sans l’affranchir.
5- Sous huit jours, les résultats du test vous sont adressés, ainsi qu’à votre médecin.

DEUX NIVEAUX DE RISQUE

Moyen

Elevé et très élevé

Le profil:

Sans antécédent particulier ni symptôme.

Plus de 50 ans.

En pratique : le test Hemoccult II® est recommandé
tous les 2 ans pour les hommes et les femmes de 50 à 74 ans.

À savoir : vous pouvez, si vous le souhaitez, continuer le dépistage après 74 ans, mais sur le mode individuel. Parlez-en à votre médecin traitant, car c’est lui qui décidera si d’autres problèmes de santé ne sont pas prioritair

Le profil:

Antécédents personnels ou familiaux de cancer colorectal ou maladie inflammatoire chronique (risque élevé).

Polypose adénomateuse familiale ou syndrome de Lynch (risque très élevé)

En pratique : une coloscopie est proposée d’emblée, avant 50 ans, parfois dès 20 ans. En cas de suspicion d’une forme familiale de cancer colorectal, une consultation d’oncogénétique est fortement conseillée.

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En savoir plus:
Institut national du cancer(Inca) 
Tél.: 01 41 10  50  00

Ligue nationale contre le cancer
Tél.: 0 810  11 1 1 01 (prix d’un appel local)

Bénédicte Tabone et Stéphanie Lavaud

Publié dans Pleine Vie n°267, septembre 2008

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