Maladie de Parkinson : quels sont les signes ?

Publié le 27 novembre 2018 à 10:22 Mis à jour le 1 octobre 2020 à 10:04
Maladie de Parkinson : quels sont les signes ?
De façon lente et insidieuse, les tous premiers symptômes de la maladie de Parkinson sont difficiles à identifier. Ils ne se caractérisent que très rarement par des tremblements.

La destruction progressive des neurones de la substance noire est à l’origine de la maladie. Pendant des années, le cerveau peut encore assurer un fonctionnement normal grâce à sa plasticité : d’autres neurones prennent le relais de ceux qui disparaissent et suppléent leur action en évitant ainsi l’apparition de signes avant-coureurs. Quand la moitié des neurones à dopamine sont détruits, la plasticité cérébrale ne suffit plus à compenser la dégénérescence, et les symptômes moteurs se manifestent.

Une évolution de la maladie en 5 phases

Stade 1 : Le temps du diagnostic. Les premiers signes moteurs apparaissent, d’un seul côté du corps, sans gêner la vie de tous les jours. Les troubles cognitifs passent souvent inaperçus au quotidien.

Stade 2 : Le calme avant la tempête. Les signes encore unilatéraux causent une gêne cependant les traitements permettent que la vie redevienne quasi normale.

Stade 3 : Le grand bouleversement. Les signes moteurs touchent les deux côtés du corps, la posture se modifie, les fluctuations motrices et les mouvements anormaux involontaires apparaissent mais sans incapacité grave ni perte d’autonomie.

Stade 4 : La phase d’envahissement. L’aggravation du handicap auquel il faut désormais faire face limite l’autonomie mais la marche est encore possible.

Stade 5 : La perte de l’autonomie et de la marche.

Des symptômes physiques

Les personnes atteintes présentent des signes non spécifiques mais susceptibles d’aider à poser un diagnostic précoce de la maladie, comme des troubles de la déglutition, une hypersalivation, la perte de l’odorat et du goût, l’hypotension orthostatique (la pression artérielle chute lorsqu’on se relève), la perte de libido, l’envie impérieuse d’uriner la nuit, des douleurs ou une hypersudation. À cela s’ajoutent fatigue, somnolence et troubles du sommeil, en particulier un syndrome des jambes sans repos et des troubles du comportement en sommeil paradoxal. Normalement, durant cette phase caractérisée par des mouvements rapides des yeux, le tonus musculaire diminue. De nombreux malades montrent une reprise du tonus musculaire qui peut conduire à des violences nocturnes.

Une dépression fréquente

Un tiers des personnes atteintes souffrent de dépression au stade précoce ; la moitié, quand la maladie a évolué, surtout lorsqu’elle a frappé jeune. La dépression peut commencer de 4 à 6 ans avant le diagnostic de Parkinson et prendre deux formes (lente et persistante ; ou fluctuante, sur de très courtes périodes, avec une humeur changeant en permanence), qui peuvent coexister chez une même personne.

Les symptômes dépressifs – anxiété, apathie, ralentissement, troubles de l’attention, perte d’initiative, idées fixes (persévération) – sont susceptibles de masquer la maladie de Parkinson pendant des années si on rend la dépression responsable de la lenteur, du manque de motivation et même du visage figé. Il est donc important de demander un avis médical, en particulier si l’état « dépressif » s’accompagne d’un changement notoire du comportement et de l’humeur.

La flexibilité mentale et l’inhibition peuvent être altérées

Changer ses plans en fonction de l’environnement, prendre des initiatives et des décisions, passer d’une activité à une autre, d’un comportement à un autre pour s’adapter au contexte ou à une situation nouvelle, tout ce qui relève de la flexibilité mentale est perturbé, jusqu’à la faculté de changer de sujet de conversation. Car pour ce faire, le cerveau doit mettre en place des mécanismes d’inhibition qui filtrent les informations entrantes afin que celles qui ne sont plus pertinentes n’interfèrent pas avec la nouvelle activité sur laquelle va se focaliser l’attention. Cette inhibition est perturbée chez les parkinsoniens.

Des dommages collatéraux sur la mémoire

Si les personnes souffrant de Parkinson semblent avoir des problèmes de mémoire, la faute en est à l’altération d’autres fonctions cognitives avec des conséquences sur seulement deux des trois processus de la mémoire :

Des problèmes pour mémoriser. Le premier processus mental nécessaire pour constituer un souvenir, son encodage, nécessite que l’attention et les fonctions exécutives soient opérationnelles. Mais la concentration fluctuante des malades ne permet pas toujours d’enregistrer profondément l’information dans les réseaux neuronaux, et leur mauvaise utilisation des stratégies de mémorisation par l’analogie, la logique ou autre, perturbe cette phase.

Pas de problèmes de stockage. Les connaissances générales (mémoire sémantique), les souvenirs et les concepts sont préservés. Même si le discours peut être ralenti, que le malade a du mal à articuler et à parler fort (hypophonie), l’organisation du langage et la mémoire du vocabulaire ne sont pas altérées.

Des difficultés à se remémorer. Le mot est sur le bout de la langue, parfaitement connu, mais, au moment de l’énoncer, le chemin d’accès pour le faire sortir de la mémoire semble perdu. En cause, la perturbation de la capacité qui permet de générer des mots, des idées ou des stratégies intellectuelles en recherchant des informations stockées en mémoire, l’auto-activation cognitive.

En raison de la difficulté du malade à élaborer et à utiliser des stratégies de récupération, se remémorer un événement ou retrouver ses lunettes tournent au casse-tête. Pourtant, le souvenir revient facilement si on lui donne en indices quelques éléments du contexte.

La triade des troubles moteurs

Les trois principaux symptômes de la maladie de Parkinson, la triade sur laquelle se fonde le diagnostic de cette pathologie neurodégénérative – tremblement, lenteur et rigidité musculaire – peuvent avoir une intensité variable, se manifestent souvent d’un seul côté du corps, et pas forcément tous en même temps. Contrairement à une idée répandue, on peut être atteint par la maladie de Parkinson sans trembler et, par ailleurs, tout tremblement n’est pas dû à Parkinson.

Les tremblements réputés à tort caractéristiques de Parkinson épargnent près d’un tiers des patients et peuvent n’être qu’intermittents. Ils concernent surtout les mains et les bras et surviennent au repos quand les muscles sont relâchés. Ces tremblements généralement lents et d’amplitude plus ou moins importante disparaissent lors des mouvements.

La lenteur (ou akinésie) dans la mise en œuvre et la coordination des mouvements se manifeste lors de la réalisation de gestes fins et dans l’écriture, au cours de laquelle les mots deviennent de plus en plus petits et reprennent une taille normale après une période d’interruption (micrographie). Elle se révèle également dans la marche à petits pas. Il est difficile de démarrer et d’exécuter des mouvements : d’abord les gestes fins (comme le laçage des chaussures ou le boutonnage d’une chemise) et les mouvements automatiques (comme le balancement des bras) ; puis les gestes volontaires (accompagner la parole de gestes des mains), de passer d’une séquence motrice à une autre, d’effectuer des mouvements simultanés ou répétitifs (se brosser les dents). L’akinésie donne un aspect figé et perturbe toutes les activités du quotidien.

La rigidité musculaire excessive peut toucher tous les muscles, y compris ceux de la colonne vertébrale au niveau du tronc, ce qui donne une posture penchée. Cette raideur qu’éprouve un patient peut être ressentie par un tiers alors qu’il est détendu en mobilisant de façon passive une articulation, par exemple en faisant fléchir puis étendre le poignet du patient.

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