Francine Néago : pour l’amour des orangs-outans

Publié le 7 mars 2016 à 11:30 Mis à jour le 7 mars 2016 à 11:30
Orang-outan et son bébé
Grâce à son association SOS-MAWAS, la primatologue Francine Néago pourra retrouver ses orangs-outans !

Sa mission pour les grands brûlés de la jungle

55 ans passés avec les orangs-outans mais après quelques mois de séparation, sa vie n’a plus de sève. L’instinct de survie chevillé au corps, cette scientifique française de 86 ans débarque en France en janvier pour débloquer ses 800 euros de minimum vieillesse et faire tourner sa fondation de la vie sauvage : « En Indonésie, c’est une fortune. Je garde 50 euros pour mes besoins personnels et le reste va à la fondation« . Son « Arche de Noé » accueille aussi éléphants, tigres, ours et oiseaux sacrifiés à la production intensive d’huile de palme. Quand les forêts partent en fumée, les bêtes agonisent. Cette politique de la terre brûlée ruine l’habitat des animaux « dits » sauvages. Les orangs-outans ne peuvent plus faire leur nid.

Une nouvelle loi change la donne

Quiconque prétend à l’allocation doit désormais vivre plus de six mois en France. Impossible pour celle qui s’occupe d’une jungle de 50 hectares à Sumatra. Que deviendraient ses chers orangs-outans ? N’ayant pas anticipé le refus, c’est vite la galère. Sans un sou en poche, avec sa valise de vêtements légers, Francine qui pensait rester quelques jours ne peut plus payer l’hôtel et échoue au Samu Social.

Rendez-vous en terre inconnue

Durant plus d’un mois, elle raconte son histoire à qui veut l’entendre mais personne ne la croit. Il faut dire que sa vie est un roman. Lorsqu’elle raconte son enfermement dans une cage avec 18 orangs-outans dans un zoo de Singapour, le médecin la regarde comme une bête curieuse. Ses voyages au Costa Rica, Indonésie, Amérique, Angleterre ? Affabulation. Sa méthode pour apprendre à parler à un primate ? Mythomanie. Sa profession de médecin, professeur, primatologue ? Mégalomanie. « Bonne à enfermer. » Cette spécialiste de la forêt primaire, qui suture tigres et éléphants sans anesthésie, se retrouve en terre inconnue, une jungle nouvelle dont elle ignore tous les codes : « J‘ai vraiment pensé finir mes jours ici « .

Elle partage le quotidien muré de 40 hommes et 3 femmes. Reconnaissante, elle admet que c’est une grande chance de pouvoir avoir un toit, du chauffage et de la nourriture sur Paris. « Les équipes font un travail formidable, ce sont des anges« . Pour certains pensionnaires, elle était « la princesse ». Sûr que son humanité et sa noblesse ont réchauffé les cœurs malheureux.

Une psychiatre lui sauve la vie

Heureusement, elle rencontre une psychiatre providentielle, Madame Hugonot. Francine raconte son parcours du combattant et Internet confirme le reste. Tout s’emballe. Son fils Pierre Maurel prend en charge les relations publiques, l’affaire médiatisée fait grand bruit. Daniel Pennac, ému, parraine le comité de soutien et paye les frais de son hôtel parisien. Il offre même ses livres à sa Fée (sans) Carabine. L’artiste chocolatier Patrick Roger, sculpteur de primates en cacao, met aussi la main à la pâte. Et avec eux avocat, juristes, scientifiques bénévoles lancent la plateforme de dons  » Sauvez Francine« . Dans la foulée, l’association SOS-MAWAS pousse plus vite qu’une plante tropicale.

Un retour pérenne à la vie sauvage

Pour Francine, le cauchemar devient conte de fées : « Quand je suis arrivée en France, je pensais que tout le monde se fichait de mes orangs-outans ! « . L’association va lui permettre de retourner accompagnée dans sa jungle d’Aceh. Les démarches administratives seront facilitées, la concession de sa jungle officialisée pour créer un centre de sauvegarde et une école d’éthologie. Un projet structurel sur le long terme qui va permettre à l’environnementaliste de former et transmettre aux jeunes ses connaissances et sa passion.

Lundi 7 mars, à l’occasion de l’inauguration de l’Association SOS-MAWAS, La Compagnie du Singe Debout donne une représentation exceptionnelle d’une pièce intitulée « Un Grand Singe à l’Académie » au Théâtre de la Pépinière à Paris. Ça ne s’invente pas ! Tous les bénéfices vont à l’association qui a récolté à ce jour près de 14000 euros. Ça donne la banane !

Pour aider Francine et faire un don : Association SOS-MAWAS

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