Message trouvé dans une bouteille. Faites suivre !

Publié le 26 février 2016 à 11:30 Mis à jour le 26 février 2016 à 12:39
bouteille
A Saintes (17), deux retraités ont trouvé une bouteille sur la plage de la Tremblade. A l'intérieur, un dessin d'oiseau et la lettre d'un artiste américain militant pour la protection des cormorans. Lancée près de New York, elle a parcouru 5700 km en deux ans et demi !

22 février 2016. Une épave parmi les déchets charriés par les grandes marées. Incrustée d’algues et de coquillages, elle porte l’inscription « New York Pelagic ». Et deux parchemins parfaitement conservés. Retour à l’envoyeur : Alain et Brigitte Barthélémy, fort émus, contactent illico le peintre George Boorujy qui a laissé son mail tout en félicitant l’heureux élu de sa trouvaille : « Répondez comme vous voulez mais pas avec une bouteille, c’est très inefficace » leur conseille-t-il ! Jolie coïncidence, Brigitte est également artiste peintre. A l’heure du numérique et du courriel, on se demande bien pourquoi l’homme est toujours porté sur la bouteille !

Lancer une bouteille, c’est parfois bien commencer une histoire…

Cette découverte charentaise chatouille notre âme d’enfant et nous replonge dans les récits d’aventures. Les écrivains ont usé du filon pour lancer leur intrigue. Belle pêche pour Jules Verne dans Les Enfants du capitaine Grant : c’est dans la panse d’un requin qu’on découvre le cadavre d’une Veuve Clicquot et son message de détresse. Dans La Planète des singes, Pierre Boule lance une bouteille ….dans l’espace. Comme les capsules des sondes spatiales Pioneer et Voyager à destination des extra-terrestres ! L’aventure est dans la bouteille quand l’imagination est au pouvoir.

« Tous ces cris, ces SOS  » ne demandent qu’à être entendus

« SOS écrit avec de l’air/Pour te dire que je me sens seul/Je dessine à l’encre vide/un désert « . Dans cette chanson du héraut romantique Daniel Balavoine, les SOS sont poignants et prophétiques pour le baroudeur disparu dans les dunes du Sahel. Mais son cri trouve un écho dans le cœur du public. Le groupe Police a toutes ses chances quand il lance sur les ondes le tube planétaire « Message in a bottle« . Ces messages, comme images d’Epinal, relancent toujours une charge émotionnelle et nous rappellent que les foules, souvent désespérées, sont poétiques et toujours sentimentales. Un fantasme d’artiste bien ancré pour une vague d’émotion en retour.

Une femme reçoit des nouvelles du grand-père qu’elle n’a pas connu

Le 17 mai 1913, l’allemand Richard Platz, dans l’euphorie de ses vingt ans, lance sa bière dans la mer avec une carte postale. Sa bouteille en très bon état est chopée cent ans plus tard par un pêcheur en Allemagne. Sur la carte, son adresse à Berlin. Décédé en 1943, Richard n’a jamais rien su de l’odyssée séculaire de sa missive ; c’est sa petite fille, retrouvée grâce à un généalogiste, qui reçoit le message d’un grand père qu’elle n’a jamais connu. Record absolu pour un lancer ludique intergénération !

Les missions scientifiques se tiennent au courant et lancent des prévisions glaçantes

Dans l’Arctique canadien, l’homme peut se frotter à un isatis, un phoque, un ours, ou se taper une bouteille… En 2013, on en déniche une, hibernant dans la roche depuis 1959. Deux scientifiques avaient lancé un message comme un bulletin d’alerte : la prévision de la fonte de la calotte glaciaire ! Et lorsqu’une équipe de navigation écossaise a pour mission d’étudier les courants marins en 1912, elle largue 1890 bouteilles dont 315 ont refait surface. Rêvons un peu : il reste plus de 1500 bouteilles à la dérive. Comme le verre se conserve 4000 ans, on a vraiment de la marge.

M’attrape qui peut !

Acceptons l’aléa et espérons, lançons notre bouteille à la mer ! Buvons une goulée d’optimisme comme le commandant Jean-Baptiste Charcot qui baptisait tous ses navires du nom de sa devise : « Pourquoi pas ? ». On pourrait se payer le culot de voyager dans le temps, dans l’espace, de faire des rencontres, d’émouvoir, de lancer des alertes sérieuses ou grotesques et avant tout, de commencer une belle histoire. Pour ne pas sombrer avec cette histoire pas drôle : un naufragé envoie une bouteille à la mer pour se signaler mais c’est un autre naufragé qui la reçoit des années plus tard. Gloups !

Petit mémo (presque)  technique pour préparer sa bouteille :

-Choisir une bouteille en verre et pas en plastique : elle risquerait de rejoindre le Vortex, la poubelle du Pacifique, 7eme continent de plastique grand comme l’Inde.

-Opter pour un papier épais et très blanc pour éviter le jaunissement des fibres à la lumière. Ou rendez-vous chez un papetier Guernesiais pour acheter le papier azuré dit « inaltérable » : l’homme océan (Victor Hugo) y écrivit « Les Travailleurs de la mer» pour permettre à son manuscrit de naviguer au sec !

-Utilisez une encre noire à base de carbone et surtout pas de feutre trop volatil. L’encre sympathique est bien vue en cas de message codé…

-Faire un dessin est préférable à l’écrit. Si votre bouteille dérive 4000 ans, qui comprendra encore votre message ? Choisir une œuvre universelle pour caractériser votre humeur : « Le Cri » de Munch pour l’angoisse, « La Naissance du monde » de Courbet pour le manque…

-Sceller la bouteille avec un bouchon de liège huilé et de la cire à cacheter. Graver votre millésime sur la bouteille, votre cru le vaut bien !

Si vous trouvez la démarche trop compliquée, jetez-vous à l’eau et lancez votre message à la mer dans nos « commentaires » !

Découvrez le site de Georges Boorujy et ses magnifiques dessins d’oiseaux

Ligue pour la protection des oiseaux LPO

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