Les nouveaux grands-parents par François de Singly.

Publié le 16 février 2016 à 15:00 Mis à jour le 16 février 2016 à 15:00
GP
Il est légitime de se poser des questions quant à sa relation avec ses petits-enfants. Les réponses du sociologue et professeur François de Singly.

Quel regard porter sur la relation qui lie les jeunes grands-parents et leurs petits-enfants ?

Si je ne nie pas l’investissement des grands-parents dans une logique de service – la redistribution temps et argent est indiscutable ! – je suis plus perplexe sur la profondeur de la relation entre les deux générations. Évidemment, nous sommes en bons termes, chacun allant vers l’autre. Les grands parents ne sont plus dans un rôle de transmission rigide et, de façon plus générale, la famille est moins stricte. Les aînés n’échappent pas à cette règle ! Mais, depuis les années 1970, chaque génération vit dans son monde, dans ses références. Alors, bien sûr, il y a des ponts, plus nombreux qu’auparavant entre elles mais s’il y a pont, c’est bien qu’il y a deux rives !

La relation serait donc superficielle malgré le temps passé ensemble ?

Non, je caricature un peu. Nos mondes ne sont heureusement pas étanches et on en partage des pans entiers. On peut d’ailleurs avoir des échanges très forts sur un sujet, sur une passion. Mais, de façon générale, si le dialogue est bien réel et la relation bonne, très agréable voire même enviable, elle n’est pas forcément très profonde. Lorsque les enfants sont petits, on les voit, on les garde, on essaie de construire leur monde, avec des références différentes de celles de leurs parents. Néanmoins, la vraie relation commence à l’adolescence, lorsque le jeune peut choisir d’être acteur – ou pas – de celle-ci.

Tout de même, le fossé des générations ne s’est-il pas réduit ?

En fait, ce sont toutes les normes de la société qui ont changé : aujourd’hui, la génération la plus jeune est celle qui dispose de la culture la plus dynamique, donc la plus enviable. Historiquement, celle des anciens était jugée la meilleure. On assiste donc à une inversion de la hiérarchie, accentuée par la course au jeunisme. Les grands-parents actuels n’ont d’autre choix que d’entrer dans le monde de leurs petits-enfants. Ils le font d’autant plus simplement que cela leur donne accès à une certaine forme de jeunesse sociale.

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