Cinéma : deux films mettent l’Amérique face à son miroir racial
Deux longs-métrages américains nous rappellent combien la lutte pour les droits civiques menée par la communauté noire dans les années 1950 et 1960 fut un long chemin pavé de mauvaises intentions.
Sur les terres de l’esclavagisme
Dans Green Book – Sur les routes du Sud , c’est Peter, l’un des frères Farrelly (Mary à tout prix), qui fait sécession et change de registre. Son film relate la tournée à haut risque effectuée en 1962 par un pianiste de couleur sur la terre des nostalgiques de l’esclavagisme, sous la protection d’un videur de boîte de nuit en quarantaine pour cause d’impulsivité. À la clé, une magistrale évocation d’un pays en proie à la ségrégation raciale qui campe sur ses positions d’un autre âge et en toute impunité.
Un jeune père accusé de viol
Si Beale Street pouvait parler s’attache, lui, à un couple des années 1970 dont l’amour est mis en danger quand l’homme est accusé de viol. Les familles des tourtereaux doivent se serrer les coudes pour les protéger, eux et leur nouveau-né. Tiré d’un roman de James Baldwin, adapté par le réalisateur oscarisé de Moon-light , le film s’impose par la subtilité de la narration et un tact extrême aux faux airs de délicatesse pure et simple. Chez Barry Jenkins, la revendication n’est pas agressive, mais s’avère aussi troublante qu’elle est insidieuse. Il excelle dans la suggestion, en montrant des vignettes de la vie qui convergent toutes vers l’existence d’une fatalité sociale et trouvent un écho troublant dans l’Amérique de Donald Trump.
Green Book, Sur les routes du Sud. Road movie de Peter Farrelly, avec Viggo Mortensen, Mahershala Ali… Sortie le 23 janvier 2019.
Si Beale Street pouvait parler. Étude de mœurs de Barry Jenkins, avec Kiki Layne, Stephan James… Sortie le 30 janvier 2019.
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